Dominique Blanc, éblouissante et féroce dans "La Locandiera"
Mirandolina, femme forte et libre, a repris l’auberge de son père, menant ses hôtes, qui la courtisent, par le bout du nez. Alors, quand un chevalier « ennemi juré des femmes » lui résiste, elle se lance le défi de le faire craquer : « J’ai parié avec moi-même de faire tomber amoureux le chevalier de Ripafratta, et je n’échangerais pas un tel plaisir contre un bijou même deux fois plus grand que celui-ci. »
Quel plaisir de retrouver Dominique Blanc dans ce rôle pétillant, elle qui vient de tourner pendant trois ans dans « la Douleur » de Duras, mise en scène par Chéreau. La comédienne a tout ce qu’il faut de grâce et de légèreté, d’ombre et de férocité, que réclame le théâtre de Goldoni.
Vive, pleine d’esprit, elle règne sur la scène de l’Atelier, savourant son pouvoir puis victime à son tour, lorsque le succès de son entreprise risque a contrario de mettre en péril son cœur et sa réputation.
Pris dans sa toile, le chevalier est incarné par un impeccable André Marcon. Drôle et touchant, il faut voir ce monstre de misogynie, taillé dans ses certitudes, s’effondrant peu à peu jusqu’à une souffrance inconsolable. Car bien entendu les conventions sociales vont contrecarrer les sentiments naissants de ces deux personnages, l’un venu de l’aristocratie et l’autre du peuple.
Aux côtés de ces deux pointures, on retiendra dans une distribution inégale François de Brauer, qui pousse avec délectation son Marquis de Forlipopoli jusqu’aux limites de la caricature.
Pour Marc Paquien qui signe une mise en scène classique et élégante, Mirandolina et le chevalier « nous racontent l’histoire de deux êtres ayant renoncé à l’amour. Deux êtres qui vont pourtant, pour la seule et unique fois de leur existence, le rencontrer et le perdre à jamais ». Il signe pour nous le premier coup de cœur de la rentrée.
« La Locandiera » de Goldoni
Théâtre de l’Atelier jusqu’au 25 janvier 2013
1, place Charles Dullin, Paris 18e
Réservation : 01 46 06 49 24
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.