Drôle et interactif "La Claque" renoue avec la tradition des claqueurs de théâtre, à la Gaîté Montparnasse
Après avoir redonné ces lettres de noblesse au sifflet dans son précédent spectacle (Le Sifflet en 2017), Fred Radix s’intéresse cette fois à un métier oublié qui a totalement disparu des théâtres, celui de claqueur. Dans son spectacle La Claque, proposé jusqu’au 28 mars au théâtre La Gaîté Montparnasse à Paris, le comédien et metteur en scène renoue avec une tradition qui remonte au XVIIIe siècle. À cette époque, la claque rassemblait des personnes – les claqueurs - embauchés par les directeurs de théâtre pour se mêler au public afin de saluer le spectacle par des applaudissements ou au contraire, le discréditer à coups de sifflets et de huées.
Claqueurs d'un soir
Avec ces deux acolytes, Alice Noureux et Guillaume Collignon, Fred Radix a imaginé un spectacle qui permet aux spectateurs de participer activement en devenant claqueurs d'un soir.
Le comédien et metteur en scène se met dans la peau d’Auguste Levasseur, chef de claque, qui deux heures avant un spectacle, est abandonné par ses claqueurs. Fauvette, une accordéoniste (Alice Noureux) et Dugommier, le régisseur du théâtre (Guillaume Collignon), vont devoir trouver des remplaçants pour sauver la représentation qui doit avoir lieu le soir même. Une intrigue qui va donner lieu à de belles séances d’interaction avec le public.
Une façon d'abattre ce "quatrième mur" qui sépare d'habitude le public des artistes sur scène : "Ce quatrième mur, on le casse à partir du moment où on considère le spectateur, souligne Guillaume Collignon. En théâtre de rue on le fait, à la Comedia dell'arte, en clown. On vient chacun de trois univers différents et on a tous cassé le quatrième mur !"
Faiseurs de succès
Selon le site france-pittoresque.com, la pratique de la claque trouve son origine dès l’Antiquité. "Quand l’empereur de Rome Néron jouait, cinq mille de ses soldats saluaient sa performance par un éloge chanté". La pratique s’est ensuite développée au XVIe siècle avec le poète Jean Dorat. Quand ses pièces étaient présentées, il achetait des billets qu’il donnait à des spectateurs en échange d’une promesse d’applaudissements. Le système a pris de plus en plus d’ampleur jusqu’à “s’officialiser”. En 1820, à Paris, une agence destinée à fournir et gérer des claqueurs est créée.
Au XIXe siècle, des contrats étaient établis entre le chef de claque et la direction d’un théâtre. Sur le site Cairn.info, on apprend qu'en 1830, "la plupart des théâtres de Paris ont une claque permanente, dont le but n’est plus (en général) de faire chuter une pièce, mais au contraire d’en assurer le succès. Le chef de claque finit par avoir un pouvoir et un statut très enviable : il est lui-même rémunéré en billets gratuits qu'il vend le jour de la représentation, à quoi s’ajoute l'argent qu’il soutire aux acteurs et aux dramaturges, ainsi qu’un salaire régulier, s’il travaille pour un théâtre d’État."
Hiérarchie de claqueurs
Au sein même des claqueurs, il existait une sorte de hiérarchie. Il y avait le chef de claque, mais aussi les claqueurs chatouilleurs qui maintiennent une bonne ambiance et lancent de petits applaudissements ; le commissaire apprenait le texte de la pièce par coeur puis entre les actes soulignait les bons points du spectacle à ses voisins de siège ; les rieurs et les pleureurs, devaient jouer une émotion définie à des moments clés. Quant aux bisseurs, ils réclamaient des rappels (des “bis !”) en fin de spectacle.
Cette profession s’arrêta officiellement en 1902 à la Comédie Française.
On la retrouve malgré tout encore de nos jours sous une autre forme : celle des chauffeurs de salle, très prisés dans les émissions de télévision où ils sont chargés de mettre l'ambiance.
"La Claque" de Fred Radix - Jusqu'au 28 mars 2023 à la Gaîté Montparnasse à Paris - Les lundis et mardis à 20h30 - Les dimanche à 20h - Durée : 1h15 - Spectacle familial à partir de 8 ans - Tarifs : de 28 € à 42 €.
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