Festival d'Avignon : le grand théâtre de Facebook
Sur la scène, un écran d’ordinateur allumé sur une page Facebook. C’est sur cette page, qui occupe toute la largeur de la scène, facilement lisible par le public, que se déroule durant une heure "33 Tours et quelques secondes".
Passé la surprise de ne voir aucun acteur sur scène, on est pris par le portrait qui se dessine peu à peu du disparu sur son écran d'ordinateur. Car la décision de Diyaa Yamout, secoue la société libanaise, provoque des réactions en chaine. Le mur de sa page Facebook est envahi de commentaires compatissants ou acides, d'amis, de connaissances, d'anonymes, de personnalités politiques et religieuses. Un débat de société, démultiplié par l’utilisation des réseaux sociaux.
S’ajoutent les fréquents SMS d’une amie qui doit lui rendre visite, mais dont l’avion en provenance de Londres est sans cesse retardé. Sur le répondeur les messages laissés par une ancienne compagne, pour qui Diyaa est resté le confident. Enfin par intermittence, on entend l'écho des journaux télévisés où s'expriment toutes les tentatives de récupérations.
Il ressort de ce dispositif un questionnement sur le morcellement de la société libanaise, et plus largement sur le monde d’aujourd’hui. L’amitié, la politique, le privé et le public, la présence et l’absence des morts mais aussi des vivants. Ceux qui s’attendaient à du théâtre ressortent dépités par cette « installation ». Les autres, dont nous sommes, sont secoués par cette critique des outils de communication contemporains, qui favorisent autant la prise de paroles que l’isolement et la solitude.
"33 Tours et quelques secondes" de Lina Saneh et Rabih Mroué
Gymnase du lycée Saint Joseph les 8, 9, 10, 12, 13, 14 juillet à 15h et 20h
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