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Festival Off d'Avignon : "Moi, Daniel Blake" d'après Ken Loach touche au cœur avec des réserves

"Moi, Daniel Blake" adapte pour la scène le film de Ken Loach, Palme d’or à Cannes en 2016.

Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
"Moi, Daniel Blake", adaptation théâtrale par Joël Dragutin du film éponyme de Ken loach, Palme d'or à Cannes 2016, création au Festival Off d'Avignon 2019. (JEAN-MICHEL ROUSVOAL)

C’est la grande tendance du moment, depuis bien huit ans maintenant : transposer à la scène des films de cinéma. Moi, Daniel Blake, d'après Ken Loach, Palme d’or à Cannes en 2016, devient ainsi une pièce adaptée par Joël Dragutin (La Baie de Naples, Chantier public). Jouée jusqu’au 28 juillet, elle ne désemplit pas au Théâtre des Halles dans le Off du Festival d’Avignon.

Joël Dragutin versus Ken Loach

Ouvrier d’usine, Daniel Blake est victime à 59 ans d’une crise cardiaque. Pour la première fois, il doit arrêter de travailler et doit faire appel aux services sociaux pour percevoir des indemnités. L’administration ne cesse de l’évincer de ses droits avec des prétextes plus absurdes les uns que les autres. Il rencontre une jeune mère célibataire qui subit des griefs similaires. Une amitié solidaire les lie dans l’adversité.

Le film de Ken Loach rassemble toutes les qualités de son auteur-réalisateur : humanisme, critique sociale, personnages attachants, direction d’acteurs impeccable… C’est par son sujet que Moi, Daniel Blake a trouvé son impact critique et public, au cœur d’une Europe soumise au dumping social, au chômage de masse en France notamment, à la précarité du travail, et à des enjeux économiques complexes difficiles à maîtriser même par les spécialistes. Loach est le fer de lance de cette matière projetée à l’écran. En l’adaptant pour la scène, Joël Dragutin la prolonge dans un rapport direct avec le public que permet le théâtre. 

Dans l’ombre de Ivo van Hove

Si le rapport entre le sujet et le public est par définition plus palpable au théâtre, il a aussi ses règles et dépend de choix de mise en scène, d’acteurs, de temporalité… Joël Dragutin doit d’abord transposer une réalité britannique en France. Ce qui fonctionne plutôt bien, tout comme le choix de ses comédiens, certains dans plusieurs rôles. Avec au premier chef en Daniel Blake, Jean-Yves Duparc, parfait équivalent de Dave Jones dans le film.

Jean-Yves Dupar et Sophie Garmilla dans "Moi, Daniel Blake", adaptation théâtrale du film de Ken Loach par Joël Dragutin.  (JEAN-MICHEL ROUSVOAL)

Ce qui étonne et déçoit quelque peu, c’est le choix d’un dispositif scénique tout en référence au metteur en scène belge Ivo van Hove (Les Damnés, La Force cachée, tous deux présentés dans le In à Avignon en 2017 et 2018). Une scène gainée de noir, un espace carré au centre, bordé de penderies de chaque côté, avec des chaises où se changent et attendent les comédiens avant d’entrer en scène. Un écran en fond de cour voit défiler des vues fixes en noir et blanc en lien avec l’action.

Sobre et élégant, le dispositif fonctionne, mais accapare un style venu d’ailleurs. Cet emprunt ne peut être qu’assumé par Joël Dragutin. Il n’ampute en rien l’impact de son Moi, Daniel Blake, mais en constitue la limite.

Moi, Daniel Blake
De Joël Dragutin, d’après Ken Loach
Mise en scène : Joël Dragutin
Interprètes : Jean-Yves Duparc, Sophie Garmilla, Jean-Louis Cassarino, Aurélien Labruyère, Stéphanie Lanier, Fatima Soualhia-Manet, Clyde Yeguete

Théâtre des Halles
Rue du Roi René, Avignon
Du 5 au 28 juillet
Relâche : 9, 16, 23 juillet
Réservations : +33 (0)4 32 76 24 51

Tarifs :
Abonné : 15 €
Plein tarif : 22 €
Moins de 16 ans : 10 €

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