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Festival d’Avignon 2017 : bilan et coups de cœur du In

Le Festival d’Avignon c’est fini (le Off se prolonge jusqu’au 30 juillet). Cette 71e édition s’est illustrée par la variété de ses découvertes venues du monde entier, le caractère souvent pointu de ses propositions, et l’absence d’un grand spectacle fédérateur.
Article rédigé par franceinfo - Sophie Jouve, Jacky Bornet, Chrystel Chabert
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le Palais des Papes, Avignon
 (Anne-Christine Poujoulat/AFP)

Un tour du monde

Sans doute l’un de nos plus beaux souvenirs restera-t-il l’"Antigone" nippone de Satoshi Miyagi, bravant sur son miroir d’eau la démesure de la Cour d’honneur. On a été happé par ce spectacle d’une grande beauté visuelle conçu comme un rituel, et par la grâce et la force qui s’en dégageaient.
"Antigone" de Satoshi Miyagi, succès d'Avignon 2017
 (Anne-Christine Poujoulat/AFP)

Autres moments forts, un autre spectacle surtitré, mais rendu digeste par la musicalité de la langue portugaise : "Sopro". Tiago Rodrigues évoque avec poésie et subtilité la vie d’une souffleuse et en fait une métaphore du théâtre.  

On citera aussi "Bestie di scena" d’Emma Dante, spectacle muet, épuré et spectaculaire qui nous offre à voir une humanité sous emprise, réactive comme des robots désarticulés face à des situations inattendues.
  (Christophe Raynaud De Lage)

Ou la version très actualisée et décoiffante des "Bonnes" de Jean Genet par Katie Mitchell : s’y ajoutent au thème social, ceux du travestissement et des migrations ouvrières.

Pour conclure ce tour du monde que nous a offert Avignon, on aura fait un détour par l’Afrique avec la pièce explosive du Burkinabé Serge Aimé Coulibaly, "Kalakuta Republik".  Retour sur la vie du grand chanteur Fela Kuti qui avait conçu autour de sa résidence, dans la banlieue de Lagos, ce qu’il considérait comme une république indépendante face à la dictature des généraux du Nigéria.
 
"Kalakuta Republik" ballet contemporain de Serge Aimé Koulibaly
 (Christophe Raynaud De Lage)

Côté français

Côté français, c’est évidemment le feuilleton initié par Christiane Taubira, "On aura tout", qui a d’abord attiré les projecteurs, avec les grands textes politiques et littéraires qui l’ont marquée, lus par de jeunes comédiens et présentés par elle.
 
  (Sophie Jouve/Culturebox)

Côté spectacle, les deux trentenaires du Birgit ensemble, Julie Bertin et Jade Herbulot, ont marqué les esprits en questionnant la crise européenne avec un diptyque : "Memories of Sarajevo" et "Les Ruines d'Athènes". On a été remué par la plongée dans le siège de Sarajevo qui donne chair à une histoire individuelle et collective, éclaire nos lâchetés de l’époque et notre indifférence. 
 

Les polémiques

Comme d’habitude il y a eu les spectacles qui on fait polémique, au premier rang desquels l’adaptation par Olivier Py de son propre roman "Les Parisiens" dont l’emphase a fini par balayer les quelques belles fulgurances : fallait-il 5 heures de spectacle pour raconter cette misère humaine ? 
  (BORIS HORVAT / AFP)

En revanche nous n’avons pas ajouté notre voix aux concerts de critiques qui ont tiré à boulets rouges sur le spectacle d’Israel Galvan : "La Fiesta".  "J’aurais du présenter les choses autrement. Il y a un malentendu sur le terme "Fiesta" a reconnu Olivier Py, le directeur du festival, dans une interview accordée aux "Mots de minuit". Le titre de son spectacle est ironique, la fiesta pour lui c’est la mort". A Culturebox nous avons été envoûtés par ce qui est plus proche d’un sabbat de sorcières, que d’un spectacle de cabaret madrilène
 
"La Fiesta" d'Israel Galvan
 (Christophe Raynaud de Lage/Festival d'Avignon)

Avignon 2017 rendait hommage aux "femmes puissantes". L’édition 2018 va explorer le genre, la transidentité, la transsexualité. En clair pour Olivier Py : "L'image qu'on donne de soi-même et de la liberté d'être soi-même". Tout un programme !
 

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