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Festival Off d'Avignon : Aimé Jacquet inspire le seul en scène de Léa Girardet qui rayonne dans "Le syndrome du banc de touche"

En proie à une crise de légitimité, la comédienne Léa Girardet s'inspire du football pour raconter avec courage et lucidité les déboires du métier d'actrice.

Article rédigé par Ariane Combes-Savary
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le syndrome du banc de touche (PAULINE LE GOFF)

C'était un peu le spectacle de la dernière chance pour Léa Girardet, la dernière tentative pour vivre de son métier de comédienne. La jeune femme s'est emparée avec courage de ses doutes et de son ego blessé pour écrire un seul en scène intime et vivifiant sur ces périodes où l'on doute. Celles où l'on a la sensation désagréable d'être à la marge. Le "loser" que tout le monde fuit par crainte d'être contaminé.

La beauté de l'échec

Quand Aimé Jacquet gagnait la coupe du monde, Léa rêvait d'être comédienne. C'était il y a 21 ans. Depuis le sélectionneur des Bleus est entré dans l'Histoire. Léa Girardet elle, est restée sur la touche. La jeune diplômée de l'ENSATT, sans emploi, opère un parallèle saisissant entre le sort qui lui est réservé et celui des joueurs contraints de rester sur le banc de touche. Sur son banc à elle s'inviteront tour à tour un agent, une psychanalyste, une conseillère pôle emploi désespérante et un réalisateur misogyne et humiliant.

Entrer enfin sur le terrain et jouer, le rêve de Léa Girardet. (PAULINE LE GOFF)

Aimé Jacquet fait figure de mentor. Ses causeries d'avant-match sont soigneusement retranstrictes. "Je suis de la génération des Yeux dans les Bleus (documentaire de Stéphane Meunier consacré à l'équipe de France en 1998), revendique Léa Giradet. J'étais fascinée par le coach, le leader." Ce qui la fascine aussi c'est sa capacité à rebondir. Avant la victoire de 1998, Aimé Jacquet était la risée des médias, qualifié tantôt de "désenchanteur" tantôt de "laborieux du ballon rond". On lui reprochait son manque de charisme. Léa Girardet a elle aussi essuyé des déconvenues. "Tu vends pas du rêve. T'as l'air triste et les gens tristes c'est chiant," entend-elle dire à son sujet. 

T'es ni belle ni moche, ni bonne ni mauvaise. T'es dans une moyenne un peu chiante.

extrait "Le syndrome du banc de touche"

Une heure sur scène c'est un peu plus qu'une mi-temps de football. Cela laisse largement le temps à la jeune femme lucide et audacieuse d'exposer ses talents d'auteure et de comédienne. Un travail documentaire fouillé lui permet de convoquer à ses côtés d'autres remplaçants célèbres : Vikash Dhorasoo, sur le banc de touche en 2006, et Lionel Charbonnier le troisième gardien de l'équipe de France en 1998 qui n'a pas joué un seul match du mondial cette année-là. Sur son terrain viendra aussi Gigi de Reims, une pionnière du football féminin.

L'audace, la persévérance et l'intelligence

Plus on avance dans la pièce et plus la frontière entre le football et la vie personnelle de Léa devient poreuse. On se surprend à imaginer une conseillère Pôle Emploi s'emparant du vocabulaire d'Aimé Jacquet. L'audace, la persévérance et l'intelligence pour surmonter les moments de fébrilité. Léa Girardet n'attendra pas d'être selectionnée par un metteur en scène pour enfin entrer sur le terrain. En refusant d'abandonner ses rêves de succès habilement chorégraphiés, elle irradie. Un joli pied de nez à tous ceux qui la voyaient pour toujours sur le banc de touche. 

Le syndrome du banc de touche
De et avec Léa Girardet, mise en scène : Julie Bertin
Théâtre du Train bleu
Du 5 au 24 juillet à 10h00
Relâche les 11 et 18 juillet

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