Festival Off d'Avignon : "Fragments" de Charles Berling propose de plonger dans les textes puissants d'Hannah Arendt
Mis en scène par Charles Berling, "Fragments" offre la possibilité de (re)découvrir certains textes de la philosophe allemande Hannah Arendt. Un seul-en-scène tenu fermement à bout de bras par la stupéfiante Bérengère Warluzel.
"Comment faire naître le désir de penser ?". Cette question posée par Hannah Arendt est au centre de la nouvelle création de Charles Berling, Fragments. Interprétée par la comédienne Bérengère Warluzel, la pièce plonge le public dans une profonde réflexion philosophique, politique mais aussi poétique.
Une voix, plusieurs personnages
Un brouhaha emplit la scène face à un public silencieux. Autour d'une table, des mannequins de papier mâché attendent le début du spectacle. Trois femmes - comédiennes ? - se joignent à eux, sans dire un mot. La voix rauque d’Hannah Arendt met fin au bruit ambiant et précède l’entrée de Bérengère Warluzel. Elle avance lentement, une énorme pile de livres entre les mains avant de laisser échapper de sa bouche les paroles de la philosophe allemande.
Dans Fragments, des textes d’Hannah Arendt s'entremêlent pour aborder des thématiques variées comme l'accès à la pensée mais aussi celles de l’identité et de la fraternité. Dans une prouesse de mémorisation, Bérengère Warluzel enchaîne les répliques presque sans reprendre son souffle. Tout au long de la pièce, elle change de peau pour être tantôt narratrice, journaliste, roi d'Angleterre ou écrivaine allemande. "L’essentiel pour moi, c’est de comprendre : je dois comprendre", explique la philosophe à travers la comédienne.
La pensée (...), conçue comme un besoin naturel de la vie (...) n'est pas la prérogative d'une minorité, mais une faculté constamment présente en chacun de nous.
Hannah Arendt
Un texte dense
Bérengère Warluzel réussit à tenir le public en haleine pendant plus d'une heure de spectacle et fait passer des idées fortes. On se souviendra particulièrement du moment où elle évoque l’importance de la culture selon Hannah Arendt, considérée "par notre société comme un bien de consommation, un divertissement", non essentiel donc, et non plus comme un moyen d’apprentissage, d'élévation de la pensée. Une réflexion qui fait nécessairement écho à la fermeture des lieux culturels pendant la pandémie du Covid.
Si son ton posé est assez constant, à l'exception de quelques moments de colère, la comédienne ne reste pas une seconde statique : elle danse, dessine, écrit, esquisse des mouvements de pianiste, monte sur la table et se met dans des positions de combat. Les différentes actions donnent du relief au texte ou viennent simplement l'illustrer. Le travail de Bérengère Warluzel en incitera certains à se pencher sur la pensée d'Hannah Arendt, qui par certains aspects n'est pas toujours simple à comprendre.
Notre production "Fragments" sera au @FestOFFAvignon du 7 au 28 juillet à 11h ! Bérengère Warluzel et Charles Berling nous invitent, à travers les mots d’Hannah Arendt, à aimer cette faculté inhérente à la nature humaine : penser.
— Châteauvallon-Liberté scène nationale (@chatolib_sn) July 1, 2021
Réservez vos places ▶ https://t.co/hUYRGs6ORV pic.twitter.com/tCjOdGolV8
"Fragments" de Charles Berling, avec Bérengère Warluzel.
Présence Paster, 13 rue du Pont Trouca, Avignon.
Du 7 au 28 juillet 2021
Réservation : 04 98 00 56 76
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