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Festival Off d’Avignon : "Le Duel", toute la saveur de Tchekhov avec un vrai esprit de troupe

"Le Duel", une nouvelle de Tchekhov très subtilement adaptée par Jean-Claude Grumberg, est jouée au Théâtre du Petit Louvre à Avignon par sept comédiens complices.  

Article rédigé par Sophie Jouve
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
"Le Duel" de Tchekhov, mis en scène par Lisa Wurmser (PhotocLot)

"Le Duel" de Tchekhov au Théâtre du Petit Louvre à Avignon a tout pour séduire : la découverte d’une nouvelle que l’on connaît peu, une adaptation soignée de Jean-Claude Grumberg, une vraie belle troupe qui transmet les mille et une nuances de la vie qui font le génie de Tchekhov.

Sur fond de ciel d’été mordoré, une cabine de plage. Nous sommes en 1891 sur un bord de mer du Caucase, lieu de villégiature où s’entrecroisent les utopies et les destins les plus contradictoires. Ivan Laïevski, jeune noble cynique et débauché, vient chercher l’aide de son ami, le bon docteur Alexandre Saïmolenko. Il s’est lassé de la femme mariée qu’il avait séduite, Nadéjda, il est accablé de dettes, il veut  retourner à Saint-Pétersbourg.

Deux hommes que tout oppose 

Dans la bonne société de l’époque, Nadéjda est considérée comme une femme déchue, Laïevski est mis à l’index, particulièrement par le scientifique Von Koren qui veut en débarrasser la communauté et qui finit par le provoquer en duel. C’est un beau texte qui confronte deux hommes que tout oppose : un scientifique darwiniste plein de certitudes, et un jeune homme indolent qui se complait dans le mensonge.

"Le Duel" de Tchekhov au théâtre du Petit Louvre, Avignon (Photo Lot)

La mise en scène inspirée de Lisa Wurmser orchestre le drame à venir comme un thriller et tout ce qu’il faut de poésie. Stéphane Szestak, en Laïevski, gagne en présence au fur et à mesure de la représentation en faisant évoluer son personnage. Il est très bien entouré par Frederic Pellegeay, excellent Von Koren rigide et tranchant, au moins pour un temps. Eric Prat est un délicieux docteur Saïmolenko, bon vivant humaniste et plein de rondeur avec une indulgence de vieux sage. Klara Cibulova, Maryse Poulhe, Pierre Ficheux et François Couder complètent harmonieusement la distribution.

On passe un très bon moment avec cette troupe de qualité, à Avignon où les seul-en-scène moins onéreux sont légion. Un Tchekhov où aucune vérité ne triomphe, et qui, une fois n’est pas coutume, se termine plutôt bien : la vie finit par changer les êtres et faire évoluer les certitudes. 

"Le Duel" d'Anton Tchekhov 
Du 5 au 28 juillet 2019 
Théâtre Le Petit Louvre 
3 rue Félix Gras, Avignon 
04 32 76 02 79  
A 21h45

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