François Morel en tournée : "Il faut être résistant en étant quand même fantaisiste"
Il s'appelle François Morel. On aurait envie d'ajouter : comme tout le monde. En accédant à la célébrité grâce à la série télévisée de Macha Makeïeff et Jérôme Deschamps "Les Deschiens", François Morel avait installé l'ambiguïté d'entrée de jeu. Son personnage, comme tous ceux de cette série, portait ses propres nom et prénom. La confusion s'est donc faite rapidement dans l'esprit des spectateurs entre le fromager régnant sur un petit monde de presque demeurés et son interprète. On l'avait déjà aperçu en groom dans "Palace", de Jean-Michel Ribes, mais c'est bien M. Morel qui a placé François aux premiers rangs de la célébrité. On était dans les années 90.
Reportage : JM Pitte / J. Bègue / S. Brouzes ./ J. Ledoyen
Molière, Feydeau, Ribes, Dubillard et... Morel
Avec beaucoup de finesse et d'intelligence, François Morel a su adroitement se réapproprier nom et prénom. Il est parvenu à quitter le tablier, les pulls trop étroits, les cols "pelle à tarte" et les lunettes-sécu du fromager des Deschiens pour offrir au public la palette de ses talents, insoupçonnable au temps du Gibolin. A Partir de 1989, soit avant même Les Deschiens, l'ancien élève de l'école de la rue Blanche est apparu au cinéma et à la télévision dans de nombreux films et au théâtre pour nombre de dramaturges et metteurs en scène, célèbres ou non. Tantôt français moyen, tantôt personnage inquiétant, il s'accompagne toujours d'une très personnelle aura poétique. Même récemment sur France 2 dans le rôle du fétide Paul Touvier, Morel a su donner à son personnage une humanité inattendue. Il a joué les plus grands et pour les meilleurs. Molière, Feydeau, Dubillard, Ribes... Il est aujourd'hui son propre interprète et tourne avec ses spectacles "La fin du Monde est pour dimanche" et "La vie, titre provisoire". Clown et philosophe
Depuis 2009, François Morel est chroniqueur. Il officie chaque vendredi dans la matinale de France Inter, il est donc chroniqueur radio. Mais contrairement à nombre de ceux avec qui il partage le créneau de 8h55, il s'inscrit dans la longue lignée des chroniqueurs moralistes. Sans obligatoirement convoquer le rire, l'humour n'est pas forcément "drôle", il éclaire une actualité souvent tragique de son humanité et d'une poésie digne de Topor, mais mâtinée de Dubillard et de Prévert. Tantôt clown, tantôt philosophe, souvent émouvant et toujours juste dans le propos et le moment, le billet de François Morel sonne comme un rappel à l'ordre de ce qui compte vraiment. Et ça passe par le rire, la colère ou la douleur, comme après l'assassinat de ses amis de Charlie Hebdo.La même atmosphère teintée de nostalgie, d'humour tendre (ou acide !) d'élégance dans le désespoir et de regrets de l'enfance habite les chansons de François Morel, qu'il les chante lui-même ou qu'elles soient interprétées par Juliette, Maurane, Francesca Solleville ou Juliette Gréco.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.