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Guillaume Gallienne en Lucrèce Borgia… parce qu'il le vaut bien
Après avoir triomphé dans son propre rôle et dans celui de sa mère dans "Guillaume et les garçons à table !", revoilà Guillaume Gallienne, en Lucrèce Borgia, sous la direction de Denis Podalydès (voir plus bas l'interview de Denis Podalydès).
Publié
Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'histoire
Femme de pouvoir aux mains tachées de sang, Lucrèce Borgia règne sur Ferrare. Mais c'est en secret que cette femme puissante est contrainte d'approcher son fils Gennaro, fruit d'un inceste avec l'un de ses frères. Gennaro, lui, ignore l'identité de ses parents. Humiliée par les amis de Gennaro, soupçonnée d'adultère par son mari, Lucrèce Borgia enclenche une vengeance, inextricablement liée au destin de son fils.
Avec robe et perruque, mais sans maquillage, Guillaume Gallienne est cette femme qui mêle instinct sublime (l'amour inconditionnel qu'elle porte à l'enfant qu'elle a eu avec son propre frère) et noirceur la plus profonde (femme débauchée et sanguinaire).
"Le travestissement, c'est moins une femme jouée par un homme qu'une femme enfermée dans une apparence qui n'est pas la sienne", note Denis Podalydès pour qui Lucrèce est un monstre qui cache un cœur de mère en quête de rédemption.
Guillaume Gallienne, grand comédien, rend très bien cet aspect-là de Lucrèce, l'instinct maternel. Mais s'il a la fragilité du personnage, s'il en possède aussi la démesure, il lui manque la violence et la cruauté.
Images : Dominique Poncet Denis Podalydès nous offre un spectacle où le lyrisme le dispute à la dérision. Oscillant sans cesse entre tragique et ironie, on se demande parfois si on assiste à une vraie Lucrèce Borgia ou à une mise en abime qui tire vers le pastiche.
Du coup la talentueuse Suliane Brahim qui incarne le fils incestueux, finit, elle, par dénoter, car c'est la seule qui joue à fond le texte de Hugo, avec le ton que demandait l'auteur.
Le fait de confier le rôle de Gennaro à une jeune femme fonctionne bien, dans la lignée de ce que souhaite Podalydès.
Images : Dominique Poncet Dans une scène superbe où se joue le destin de Gennaro entre Lucrèce et son époux, très bien incarné par Eric Ruf, passe enfin la folie romantique et cauchemardesque qui est au cœur du projet du grand Victor.
On a aussi beaucoup aimé le début de l'œuvre, l'entrée de Gallienne torse nu sur la lagune, se transformant peu à peu en Lucrèce sur la musique de Verdi. Avec ses décors grandioses inspirés des dessins de Hugo, Eric Ruf confirme son autre talent, découvert dans Cyrano de Bergerac. Les costumes noirs aux doublures de couleurs sont signés Christian Lacroix qui lorgne cette fois vers l'esthétique japonaise. Dans la mise en scène alerte et rythmée de Podalydès, on ne s'ennuie pas un seul instant à cette Lucrèce Borgia. Voilà pourquoi ce spectacle de qualité a été très honorablement applaudi le soir de la Générale.
Il reste que si on est séduit, on n'est rarement ému, on ne ressent aucun sentiment profond devant le destin tragique et échevelé de ces personnages. Comme si tout ce travail tournait au bel exercice de style.
Cela nous frappe dans les interventions du valet, interprété par Christian Hecq avec sa fantaisie habituelle, plus proche de Feydeau et Marivaux qu'il a si bien joué. Ce qui évidemment est très éloigné de l'univers de Victor Hugo…
L'interview de Denis Podalydès par Dominique Poncet
Lucrèce Borgia à la Comédie-Française
Drame en trois actes de Victor Hugo
Mise en scène de Denis Podalydès
Du 24 mai au 20 juillet 2014
Durée 2h45 avec entracte
1 Place Colette, Paris Ier
Tél : 0825 10 16 80
Femme de pouvoir aux mains tachées de sang, Lucrèce Borgia règne sur Ferrare. Mais c'est en secret que cette femme puissante est contrainte d'approcher son fils Gennaro, fruit d'un inceste avec l'un de ses frères. Gennaro, lui, ignore l'identité de ses parents. Humiliée par les amis de Gennaro, soupçonnée d'adultère par son mari, Lucrèce Borgia enclenche une vengeance, inextricablement liée au destin de son fils.
Avec robe et perruque, mais sans maquillage, Guillaume Gallienne est cette femme qui mêle instinct sublime (l'amour inconditionnel qu'elle porte à l'enfant qu'elle a eu avec son propre frère) et noirceur la plus profonde (femme débauchée et sanguinaire).
"Le travestissement, c'est moins une femme jouée par un homme qu'une femme enfermée dans une apparence qui n'est pas la sienne", note Denis Podalydès pour qui Lucrèce est un monstre qui cache un cœur de mère en quête de rédemption.
Guillaume Gallienne, grand comédien, rend très bien cet aspect-là de Lucrèce, l'instinct maternel. Mais s'il a la fragilité du personnage, s'il en possède aussi la démesure, il lui manque la violence et la cruauté.
Images : Dominique Poncet Denis Podalydès nous offre un spectacle où le lyrisme le dispute à la dérision. Oscillant sans cesse entre tragique et ironie, on se demande parfois si on assiste à une vraie Lucrèce Borgia ou à une mise en abime qui tire vers le pastiche.
Du coup la talentueuse Suliane Brahim qui incarne le fils incestueux, finit, elle, par dénoter, car c'est la seule qui joue à fond le texte de Hugo, avec le ton que demandait l'auteur.
Le fait de confier le rôle de Gennaro à une jeune femme fonctionne bien, dans la lignée de ce que souhaite Podalydès.
Images : Dominique Poncet Dans une scène superbe où se joue le destin de Gennaro entre Lucrèce et son époux, très bien incarné par Eric Ruf, passe enfin la folie romantique et cauchemardesque qui est au cœur du projet du grand Victor.
On a aussi beaucoup aimé le début de l'œuvre, l'entrée de Gallienne torse nu sur la lagune, se transformant peu à peu en Lucrèce sur la musique de Verdi. Avec ses décors grandioses inspirés des dessins de Hugo, Eric Ruf confirme son autre talent, découvert dans Cyrano de Bergerac. Les costumes noirs aux doublures de couleurs sont signés Christian Lacroix qui lorgne cette fois vers l'esthétique japonaise. Dans la mise en scène alerte et rythmée de Podalydès, on ne s'ennuie pas un seul instant à cette Lucrèce Borgia. Voilà pourquoi ce spectacle de qualité a été très honorablement applaudi le soir de la Générale.
Il reste que si on est séduit, on n'est rarement ému, on ne ressent aucun sentiment profond devant le destin tragique et échevelé de ces personnages. Comme si tout ce travail tournait au bel exercice de style.
Cela nous frappe dans les interventions du valet, interprété par Christian Hecq avec sa fantaisie habituelle, plus proche de Feydeau et Marivaux qu'il a si bien joué. Ce qui évidemment est très éloigné de l'univers de Victor Hugo…
L'interview de Denis Podalydès par Dominique Poncet
Lucrèce Borgia à la Comédie-Française
Drame en trois actes de Victor Hugo
Mise en scène de Denis Podalydès
Du 24 mai au 20 juillet 2014
Durée 2h45 avec entracte
1 Place Colette, Paris Ier
Tél : 0825 10 16 80
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