"Helsingør, château d’Hamlet" : un Shakespeare exceptionnel mis en scène par Léonard Matton en immersif au Château de Vincennes

Traduit et mis en scène par Léonard Matton, "Hamlet" prend toute sa démesure dans un site historique avec des interprètes inspirés.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Gaël Giraudeau et  Camille Delpech dans "Helsingør, château d’Hamlet" d'après "Hamlet" de William Shakespeare, traduit et mis en scène par Léonard Matton au Château de Vincennes (2024). (ERIC SANGER-MONTEROS)

Avant d’emmener à Avignon son Fléau, la première pièce connue de Shakespeare, Léonard Matton et sa compagnie Emersiøn donnent le diamant noir qu’est Hamlet au cœur du Château de Vincennes, près de Paris. Une expérience de théâtre immersif, à vivre jusqu’au 26 mai.

Les voix résonnent de la cour d’honneur aux alcôves, alors que les interprètes vous frôlent dans les lumières changeantes d’une soirée exceptionnelle. Une merveille.

Impression


Léonard Matton rajeunit un des plus grands classiques du théâtre en refondant une traduction originale, avec une troupe de vingt comédiens et comédiennes en alternance dans dix rôles. Le onzième interprète de cet Hamlet est le château de Vincennes. Il accueille la tragédie que traverse le Royaume du Danemark quand son souverain est assassiné, lançant une lutte de pouvoir entre son fils, Hamlet, et le chambellan Polonius. Entre eux deux : Ophélie, fille de ce dernier, qu’il refuse au nouveau roi.

Premier choc : le spectre encapuchonné du père, jaune, les yeux brillants, juché sous la voûte d’une tourelle. Sur la coursive, soudain, Horaciot réagit, court avertir Hamlet, frôlant le public qui le suit jusqu’aux escaliers, conduisant à une voûte ouvrant sur la cour, où sur les marches du palais gît le corps. Le fantôme a appris à Hamlet que le roi Claudius, son oncle, est l’assassin. Tout le monde entre dans le château, monte l’escalier pour se retrouver dans une grande pièce où les jeux de pouvoir vont se nouer, alors que le roi ne pense qu'a éliminer son neveu.

Espace temporel


L’espace scénique facilitant les déplacements des comédiens au milieu du public, les points de vue des spectateurs se multiplient, et ils participent eux aussi à l’action dans l’organisation spatiale de la mise en scène. Différents groupes se forment, changent de place, vont d’un bord à l’autre du champ scénique, où peuvent se jouer différentes scènes, sans pourtant que le spectateur ne perde rien du récit. C’est la façon avec laquelle Léonard Matton renoue avec la participation active du public auquel sollicitait le théâtre des origines. Ici comédiens et spectateurs se frôlent, se voient, se reconnaissent.

L’impression théâtrale est fulgurante. Une réalité prend corps. L’immersion n’est pas illusion, elle est réelle. L’espace sent le temps, la lumière change quand bascule le crépuscule, et le texte sonne, même si comme nous l’a confié Léonard Matton, nous en perdons 60%, tant il est riche et complexe. L’impression comble le vide et garde le sens, tant vérité et beauté se lient dans cette création, à laquelle ne conviennent que des éloges.

Helsingor, château d’Hamlet
D’après Hamlet de William Shakespeare
Mise en scène Léonard Matton
Avec en alternance : Anthony Falkowsky ou Thomas Gendronneau, Roch-Antoine Albaladéjo ou Loïc Brabant, Zazie Delem ou Claire Mirande, Benjamin Brenière, Gaël Giraudeau ou Stanislas Roquette, Cédric Carlier ou Laurent Labruyère, Camille Delpech ou Marjorie Dubus, Mathias Marty ou Matthieu Protin, Dominique Bastien ou Jean-Loup Horwitz, Jérôme Ragon ou Hervé Rey, Michel Chalmeau ou Jacques Poix-Terrier
Château de Vincennes, avenue de Paris, 94300 Vincennes
Jusqu’au 26 mai. du mardi au dimanche 20h30, relâche samedi 18 mai.

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