Humour, drame, émotion : trois façons d'aborder la Seconde Guerre au théâtre
Comment parler de la Seconde Guerre mondiale au théâtre ? En ce début d’année, le choix s’avère assez large, selon qu’on ait envie de rire, de réfléchir, de s’émouvoir et pourquoi pas de ressentir tout cela à la fois.
Commençons par le rire. Pour cela, direction le Palais des Glaces avec "Libres ! ou presque...", une pièce de et avec Jean Franco et Guillaume Mélanie, mise en scène par Raymond Acquaviva au Palais des Glaces à Paris (jusqu'au 6 mai 2018).
Humour vs intolérance
L’intrigue se passe à Paris en 1942 en pleine Occupation. Moïche (Jean Franco), un juif de 36 qui porte l’étoile jaune et André (Guillaume Mélanie), un homosexuel, tentent d’échapper aux rafles et de rejoindre la zone libre. Parvenant à s’enfuir du siège de la Gestapo, ils vont se lier d’amitié même si l’un comme l’autre sont pétris de préjugés. C’est leur point commun, être persécutés, qui va les rapprocher. Avec un mélange d’humour et d’humanité, la pièce aborde des sujets - homophobie et antisémitisme - qui résonnent toujours dans la société actuelle. Il y flotte des airs de "La Grande Vadrouille" de Gérard Oury et de "La vie est belle" de Roberto Benigni.Reportage : C. Laronce / N. Berthier / M. Savineau / X . Deperthes / F. Menin / L. Crouzillac / I. Cavaletto
Fascination et révolte contre le Reich
D’un duo qui manie l’humour, on passe au monologue dramatique avec "Jamais plus". Seul sur la scène du Studio Hébertot, Antoine Fichaux incarne Franz Weissenrabe, un ancien membre des Jeunesses hitlériennes, incarcéré pour haute trahison et qui revisite sa conscience en écrivant à sa mère. Écrite par Geoffrey Lopez, cette pièce évoque le destin d’un garçon d’abord fasciné par l’idéologie nazie, fier de servir ce qu’il croit être une idéal pour son pays, mais qui va finir par rejeter ce système qui l’a manipulé. Pour écrire cette pièce, son auteur s’est basé sur des dizaines de témoignages et sur le récit des actions de la Rose blanche, un mouvement de résistance initié par un groupe d'étudiants de l'université de Munich. Ils dénoncèrent le régime hitlérien en diffusant des tracts auprès de la population.Un roi joyeux et nostalgique
Dans un registre qui mêle cette fois drame et humour, on termine avec "L’angoisse du roi Salomon". La pièce, mise en scène par Corine Juresco au Théâtre du Petit Saint-Martin, est une adaptation du dernier roman éponyme de Romain Gary, publié en 1979 sous le pseudonyme d’Émile Ajar.Seul en scène, le comédien Bruno Abraham-Kremer incarne avec brio et gouaille Jean, un homme qui se souvient de sa jeunesse de chauffeur de taxi dans le Paris de la fin des années 70 et de sa rencontre avec Salomon Rubinstein, un ancien tailleur, "roi du pantalon", retiré des affaires et encore amoureux d’une certaine Cora, ancienne chanteuse réaliste... Quel rapport avec la guerre direz-vous ? Salomon a passé les années d’Occupation caché dans une cave pendant que Cora s’entichait d’un "maquereau collabo".
"Libres ! ou presque ..."
Palais des Glaces
37 rue du Faubourg du Temple Paris 10e
Jusqu’au 6 mai
19h30 en semaine – 16h le dimanche – relâche le lundi et mardi
Tarifs : de 10 à 32€
"Jamais plus"
Studio Hébertot
Jusqu’au 6 avril
78 bis Boulevard des Batignolles Paris 17e
Le jeudi et vendredi à 19h
Tarifs : 10 à 28 €
"L'angoisse du roi Salomon"
Théâtre du Petit Saint-Martin
Jusqu’au 14 avril
17 rue René Boulanger Paris 10e
Du mardi au vendredi à 20h30
Samedi 16h30 et 20h30
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