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Isabelle Nanty, entre cinéma et Comédie Française
Plus connue pour ses rôles comiques dans "Les Visiteurs", "Astérix et Obélix" ou "Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain", Isabelle Nanty oscille entre cinéma et théâtre. Alors qu'elle met en scène "L'Hôtel du Libre-Echange" de Georges Feydeau à la Comédie-Française jusqu'au 25 juillet, portrait d'une comédienne incontournable de la scène française, qui se sent pourtant "illégitime".
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Isabelle Nanty, plus connue pour ses rôles comiques au cinéma que pour son amour de Tchekhov, met en scène "L'Hôtel du Libre-Echange" de Feydeau à la Comédie-Française, avant d'enchaîner avec le troisième opus de la série "Les Tuche" au cinéma. A 55 ans, la comédienne avoue se sentir toujours aussi "illégitime", en dépit de sa participation aux plus gros succès français du box-office, des "Visiteurs" à "Les Tuche" en passant par "Tatie Danielle", "Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain" et les séries télévisées ("Munch").
Je pense que j'étais emmerdante, forte tête.
Isabelle Nanty
"J'ai raté deux fois le Conservatoire, deux fois l'école de la Rue Blanche, deux fois tout! J'en ai gardé un complexe d'illégitimité depuis 40 ans", dit-elle. "Toutes ces institutions sont là pour dire qui est bon et qui ne l'est pas ... Alors on garde l'idée, si on est recalé, qu'on n'est pas bon". Isabelle Nanty a pourtant décroché le concours d'entrée à la fameuse classe libre du Cours Florent, pépinière de nombreux talents, dont Eric Ruf, le patron de la Comédie-Française. Elle est exclue un an avant la fin du cursus. "Je pense que j'étais emmerdante, forte tête. François Florent et moi on ne sait plus ni l'un ni l'autre pourquoi j'avais été virée", dit-elle en riant. Il la reprend trois ans plus tard dans l'école comme professeur, à seulement 24 ans. Elle aura notamment dans sa classe Edouard Baer, resté un ami.
Elle croise au Cours Florent Eric Ruf, qui fait appel à elle il y a un an et demi pour monter la pièce de Georges Feydeau, curieusement absente du répertoire.Et la voici, elle, l'"illégitime", installée au coeur du temple du répertoire. Pas plus intimidée que ça, elle a plutôt le sentiment de "retrouver de vieux amis", tous ces comédiens du Français qu'elle connaît bien. "Ils ont une créativité et une fantaisie... je les admire et je les aime beaucoup", dit-elle. La distribution aligne presque un tiers de la troupe, dont beaucoup de comédiens rôdés aux rôles comiques comme Michel Vuillermoz, Christian Hecq, Laurent Lafitte.Feydeau "dans son jus"
"Mais chacun a aussi une âme qui ajoute quelque chose au personnage", souligne-t-elle. Car "L'Hôtel du Libre-Echange" n'est pas seulement une pièce drôle, portée par la mécanique des événements, quiproquos et accidents chers à Feydeau. Pour Isabelle Nanty, c'est "typiquement une pièce fin de siècle (1894). On est entre deux mondes, avec l'explosion des inventions, la naissance d'une monde qui s'emballe et les humains sentent ça, ils y a un affolement presque adolescent à vouloir vivre".
Le décor signé pour la première fois par Christian Lacroix, qui a déjà créé pour la Comédie-Française de nombreux costumes, fait allusion à ce monde extérieur en pleine innovation, avec un vélocipède, mais garde aussi la pièce "dans son jus" avec ses costumes d'époque. "Beaucoup de choses me font penser à Tchekhov", remarque-t-elle. D'ailleurs les pièces de Tchekhov étaient montées à leur époque comme du vaudeville. J'ai moi-même monté Tchekhov ("La Mouette") et les gens riaient beaucoup. Je suis vraiment faite de ces deux mondes là", explique-t-elle: le comique et la mélancolie. On aurait tort de voir en Isabelle Nanty une "rigolote". Elle est le plus souvent grave, très attentive à l'autre. C'est "pour la qualité de ce regard, toujours profond et empathique" qu'Eric Ruf l'a choisie.
Ce sera sa dernière mise en scène: Isabelle Nanty, qui vient d'enchaîner deux ans de travail non stop (la comédie "Mon Poussin" dans laquelle elle joue sort fin juin), souhaite "travailler moins". Après le tournage de "Les Tuche 3" en juin, elle espère faire une vraie pause, se consacrer à sa fille adoptive, qui va avoirquinze ans."Je remarque qu'on m'a fait jouer dans des rythmes qui ne sont pas du tout moi, et maintenant j'aimerais jouer dans des rythmes plus en adéquation avec ma vie, plus dans la douceur".
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