"Jean Zay, l’homme complet", martyr et résistant assassiné par la Milice française en 1944, dans un seul en scène poignant

Xavier Béja adapte "Souvenirs et solitude" et joue Jean Zay dans une interprétation sobre et rythmée par l’attente.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2min
Xavier Béja, (adaptateur et) interprète de "Jean Zay, l’homme complet" au Théâtre Essaïon, septembre 2024. (David Ruellan)

La pièce prend Jean Zay en 1940 en cellule à Clermont-Ferrand, avant son transfert à Riom (Puy-de-Dôme), jusqu’à son exécution. Le grand homme médite sur son sort, apprécie son statut de prisonnier politique, et fomente des plans pour l'"après"…

Mise en scène par Michel Cochet, pièce sur l'homme Jean Zay, elle traite aussi du temps et de la mémoire, au moment des 80 ans de sa mort sous la férule nazie le 20 juin 1944. Une évocation éloquente, jouée jusqu’à la fin de l’année au théâtre Essaïon, à Paris.

Espace-temps

Dans un halo de lumière, au cœur du noir, Jean Zay fait les cent pas, tournant en rond dans les 6m sur 3 de sa cellule. La scène est plus grande, mais les ténèbres abyssales qui l’entourent l’oppressent comme "une machine à faire du vide". La prison n’est pas si mauvaise après tout : prise en charge totale, du gîte au couvert, plus de soucis, pas d’intendance… Mais privation du libre arbitre.

Xavier Béja occupe la scène et la lumière varie avec vigueur et rigueur selon les lieux invisibles évoqués, rues, appartement, classe. Si l’attente domine, l’espace manque aussi au prisonnier. Des bruits suggèrent l'air extérieur, mais il manque "la verdure pour éclairer les yeux."

L’homme qui savait tout 

Son statut politique permet à Jean Zay de lire et d’écrire et c’est sa politique qu’il soliloque, en remplissant ce vide cellulaire du contenu de sa tête. Le texte, tout extrait de Souvenirs et solitude, fruit de son incarcération, gagne en oralité et les variations vont du discours au trivial, en passant par l’ironie.

Jean Zay se met à un pupitre d’écolier, des bandes d’actualité contemporaines sont projetées, la visite du garde des Sceaux relance l’action, et Léon Blum est un homme qui savait tout dans ses souvenirs. On doit au ministre l’aide au théâtre, les pièces radiophoniques, les droits d’auteur, le CNRS, le Festival de Cannes…  Un fond d’étoiles s’installe en final pour célébrer un homme universel.

Jean Zay, l’homme complet
Adaptation et interprétation de Xavier Béja 
Du 27 septembre au 2 novembre 2024 : Les vendredis et samedis à 19h
Du 5 novembre 2024 au 28 janvier 2025 : Les mardis à 19h
Relâches 24 et 31 décembre
Théâtre Essaïon
6, rue Pierre-au-Lard à Paris 4e
Tél : 01 42 78 46 42 

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