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"Jésus de Marseille" en Avignon : le Christ est parmi nous...

Sur un texte de Serge Valletti, Daniele Israël met en scène avec "Jésus de Marseille" un Évangile contemporain loufoque. Jésus est né dans une station-service de parents SDF. Sa destinée ? Multiplier les pizzas miraculeuses pour guérir ses prochains et faire des blagues à ses potes en les invitant à marcher sur l’eau... Mais ce qui est une bluette au départ pourrait bien prendre un tour plus corsé
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
Camille Cuisinier et Pierre Benoist Varoclier dans "Jésus de Marseille"
 (Jacques Delforge)

Comedia dell’Arte

'Un commencement est un moment d’extrême délicatesse". Cette citation qui ouvre la version David Lynch de "Dune" au cinéma (le seul bon moment du film) d'après Frank Herbert, pourrait s’appliquer à l’introduction de "Jésus de Marseille" par le duo Camille Cuisinier et Pierre-Benoist Varoclier : "D’abord, en premier, il y a le début. Oui, c’est mieux. On l’a mis là parce que sinon, on n’aurait pas su où le mettre, le début".
Et c’est parti pour 1h10 d’une pantalonnade, où l’éternel tandem comique de la Comedia dell’Arte pastiche les lieux communs autour de la vie du Christ en les resituant dans une perspective contemporaine, social et subversive. Subversive ? On pense à "Fluide Glacial" et Goossens, taxés d’humour potache (pour potaches). Mais n’est-ce pas là un héritage de la Comedia italienne ? Le burlesque ne gomme toutefois pas un texte généreux aux imbrications multiples, sonnantes et trébuchantes, pour tordre le cou à "la plus belle histoire jamais contée". La fin du spectacle est de ce point de vue éloquente…

Carabistouilles 

Cette "plus belle histoire jamais contée" a du plomb dans l'aile. Elle est avant tout sociale, ce que l’Eglise a toujours mis en avant. Le pauvre y est vénéré, et tendre l’autre joue pour s'en prendre une deuxième, un dogme. Ce dernier est sans doute le plus pratiqué, le prolétariat en réclamant toujours moins pour travailler plus. Raison pour laquelle "Jésus de Marseille" est fidèle à l’esprit des Evangiles. Quant à la forme, c’est des carabistouilles ! L’original comportait déjà pas mal de miracles douteux…
Camille Cuisinier et Pierre Benoist Varoclier dans "Jésus de Marseille"
 (Jacques Delforges)
On trouve chez Serge Valletti, du Bobby La Pointe. Dans l’enchaînement rythmique du texte, du geste, et des situations que l’on visualise spontanément, avec des moyens scéniques dérisoires. Il y a aussi du "Lazzario de Torrmes" dans cette histoire picaresque, devenue un road-movie autour d'un Marseille, "fidèlement reconstitué" avec une table et deux chaises. Ce sont toujours les pauvres qui donnent le plus.

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