"L'Empereur des boulevards" : une pièce pétillante sur Georges Feydeau, l'homme derrière le vaudevilliste
Après "Edmond", sur Rostand, c'est Georges Feydeau qui a les honneurs d'un biopic théâtral très enlevé, à son image.
Si Georges Feydeau est régulièrement repris sur les planches, on connaît moins l’homme qui s’est consacré toute sa vie à faire rire ses contemporains des bourgeois de la Belle époque. Le rideau se lève sur ce mystère, avec la belle réussite qu’est L'Empereur des boulevards, d’Olivier Schmidt, qu’il met en scène avec sa troupe Les Joyeux de la couronne, au Théâtre Montmartre Galabru, à Paris, jusqu’au 20 décembre.
Vitalité
Depuis son enfance à Paris, le petit Georges Feydeau (1862-1921) s’amuse à écrire des piécettes drolatiques, au grand dam de sa mère, mais encouragé par son père, écrivain. Il persiste et signe, jusqu’à un premier succès, Tailleur pour dames, encouragé par Labiche, et fait un mariage d’amour. Mais sa vie nocturne, où il trouve son inspiration et des contacts pour le promouvoir, prend le dessus de sa vie conjugale. Quand il apprend être trompé, il divorce, alors qu’il enchaîne triomphe sur triomphe. Contractant la syphilis, Feydeau sera interné à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine) où il meurt à 58 ans.
Qualifié de "roi du vaudeville", Feydeau n’a pas vraiment eu la vie trépidante qui rythme ses pièces. L'Empereur des boulevards, d’Olivier Schmidt, garde toutefois cette vitalité dans sa mise en scène. Feydeau y apparait toujours enthousiaste et amoureux, mais tourneboulé par ses sorties où se multiplient les tentations. L’on passe ainsi avec bonheur du théâtre au music-hall, avec notamment des chansons magnifiquement interprétées par Séverine Wolff, et même un Cancan, alors que la pianiste Justine Verdier accompagne de ses créations toute la pièce.
Grandeur et décadence
Passant du cercle de chez Maxim’s à celui du Chabanais (célèbre maison close), Feydeau va connaître une décade prodigieuse, en contractant la syphilis au contact d’une troublante muse qu’interprète judicieusement l’acteur Thibaut Marion. C’est pourtant à cette période de sa vie qu’il enchaînera succès sur succès : Monsieur chasse, Mais n’te promène donc pas toute nue, Un fil à la patte, Le Dindon… Alexis de Chasteigner a le physique et incarne parfaitement le dramaturge. Son amour déçue pour Diane, son épouse, qu’interprète merveilleusement Alexandra Magin, sera le drame de sa vie.
La belle plume d'Olivier Schmidt, au verbe choisi, reflète l'époque et est servie par sept comédiens et comédiennes qui interprètent 26 rôles au total. Un réel courant passe entre eux tous et l’impression d’une troupe unie occupe la scène de bout en bout. De merveilleux costumes participent au décor et animent la scène : un des atouts de cet Empereur des boulevards. On y découvre la vie peu connue de Feydeau, qui passe du rire aux larmes, avec la constance d'un vrai bonheur. Un beau moment de théâtre.
L’Empereur des boulevards
De Olivier Schmidt
Mise en Scène : Olivier Schmidt
Avec la troupe Les Joyeux de la couronne : Julien Hammer ou Alexis de Chasteigner , Alexandra Magin ou Chloé Groussard, Séverine Wolff, Olivier Schmidt ou Thibaut Marion, Lucas Lecointe, Léonard Courbier ou Fabien Roux, Kévin Maille
Les vendredis 21h30 et dimanches 18h30 (relâche du 20 au 29/11)
Théâtre Montmartre Galabru : 4 rue de l'Armée d'Orient, 75018 Paris
Tél : 01 42 23 15 85
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