"L’Os à Moelle" : l’humoriste Pierre Dac ressuscité sur scène dans un florilège extrait de son journal satirique
Après l’exposition consacrée à Pierre Dac au Musée d'art et d'histoire du Judaïsme, Cédric Colas, Emmanuelle Galabru et Michel Ouimet jouent L’Os à Moelle, adapté d’articles parus dans le journal satirique éponyme créé par Pierre Dac en 1938. Sans lui, Raymond Devos, Coluche, Pierre Desproges, Les Guignols de l’Info ou Le Gorafi n’existeraient pas. À voir et à entendre actuellement à l’Artistic Théâtre, à Paris.
Salle de rédaction
Le "biglotron", la "falsaratomie", le "schmilblick"… Autant d’inventions de Pierre Dac qui nous rappellent combien il était un génie de la langue française, voué à l’humour, plus exactement à la "loufoquerie" comme il désignait son style iconoclaste. Pour interpréter ses textes, Cédric Colas précède Emmanuelle Galabru qui laisse sa place à Michel Ouimet, et inversement, selon la racine carrée de 2 et 2 font 4 divisé par l’hypoténuse de X – comme dirait Pierre Dac.
Sur la scène évoquant une salle de rédaction placardée de Unes de L’Os à Moelle, s’expose le point de vue décalé du Sieur Dac sur la société française de son époque, dans un flot d’élucubrations verbales euphorisantes. Ce qu’il observait et dont il rendit compte des années 20 à 70, parle toujours aujourd’hui. Le flot ne tarit pas, et fait s'esclaffer à chaque pirouette, trouvaille et invention.
Cent ans
Avant Raymond Devos, son héritier, Pierre Dac était déjà un jongleur de mots. Cédric Colas, Emmanuelle Galabru et Michel Ouimet, mis en scène par Anne-Marie Lazarini, retrouvent le lien entre l’humour des chansonniers et la génération post-moderne des Bedos, Coluche, Palmade ou Florence Foresti, dont il est l'initiateur. Aussi, pour apprécier Pierre Dac, faut-il l’entendre dans le texte. Si son timbre reconnaissable résonne par moments sur scène grâce à des enregistrements, les comédiens qui interprètent ses morceaux choisis trouvent tous dans leur style, le ton de leur pair.
Avec L’Os à Moelle, il y a du grain à moudre, aurait pu dire Pierre Dac, l'inventeur de ces pitreries et galéjades, "à poil dur", selon sa formule. Répartis de 1923 à sa mort en 1975, tous ces textes issus de numéros de L’Os à moelle sonnent toujours aussi juste aujourd’hui. Contemporain des surréalistes, Pierre Dac a inventé le mot "loufoque" pour qualifier son humour. "Substantif pouvant être employé comme adjectif", il est depuis entré au dictionnaire. Quel plus bel hommage peut-on rendre à cet amoureux de la langue française, et qui la peaufinait si bien jusqu’à l’absurde ? L’Os à Moelle, à l’Artistic Théâtre, est la meilleure piqûre de rappel qui soit de ce funambule de la langue, qui résonne toujours aujourd’hui, alors que l’on fête le centenaire des débuts de Pierre Dac sur scène.
L’Os à Moelle
D’après Pierre Dac
Imaginé et mis en scène par Anne-Marie Lazarini
Avec Cédric Colas, Emmanuelle Galabru et Michel Ouimet
Les samedis et dimanches à 15h
Artistic Théâtre
45 rue Richard Lenoir, 75011 Paris
Tél : 01 43 56 38 32
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