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"La Dame blanche" s'amuse à faire peur avec Arthur Jugnot

Rare au théâtre, le genre fantastique est réhabilité dans "La Dame blanche", de Sébastien Azzopardi et Sacha Danino avec Arthur Jugnot, au Théâtre de la Renaissance, à Paris, après avoir séjourné au Palais royal. Sébastien Azzopardi en assure la mise en scène inventive et ludique, mettant à contribution moult effets spéciaux et interactivité avec le public.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La Dame blanche : affiche
 (Compagnie Azzopardi)

Grand-Guignol

Quel meilleur choix que le Théâtre de la Renaissance, avec son décor à l’italienne, pour donner cadre à "La Dame blanche", pièce contemporaine aux résonnances gothiques ? Si le fantastique est rare au théâtre, il y connut de beaux jours du temps du Grand-Guignol de 1897 à 1963. Le Théâtre de la renaissance se situe de plus sur le Boulevard du crime, si bien évoqué dans "Les Enfants du Paradis" de Marcel Carné, ainsi nommé pour ses nombreux théâtres où se donnaient des pièces fournies en assassinats à la chaîne. Tout le sujet de "La Dame blanche", qui se prolonge dans le surnaturel.

Gendarme, Mario Tiersen (Arthur Jugnot) tue sa maîtresse dans un accident de la route au milieu des bois de Bretagne. Dissimulant sa mort, il doit enquêter sur la disparition de la jeune femme dont le fantôme le hante. Est-ce sa culpabilité envahissante qui lui provoque des hallucinations, ou les spectres d’une vieille légende bretonne qui l’étreignent ? Cette ambivalence est à l’origine de nombreux textes et films fantastiques ("Le Tour d’écrou" d’Henri James, adapté au cinéma dans "Les Innocents" de Jack Clayton, "la Maison du diable" de Robert Wise, d’après Shirley Jackson, "Rosemary ‘s Baby" de Roman Polanski, d’après Ira Levin…) La pièce de Sébastien Azzopardi et Sacha Danino reprend le paradigme en lui ajoutant une bonne dose d’humour.

Le carrousel des maléfices

Mais pas seulement. L’épouvante mettant amplement à contribution le public, Sébastien Azzopardi a opté pour le faire directement participer à la représentation. D’emblée, avant que la pièce commence, les fantômes hantent la salle, passant entre les rangs pour invectiver les spectateurs, jusqu’à ce que la Dame blanche, sortant d’un groupe de menhirs, apostrophe un homme du public, arraché de son siège par les spectres pour l’emmener sur scène, où il est englouti dans la formations monolithique. Le ton est donné, l’intrigue peut commencer.

Sébastien Pierre et Arthur Jugnot dans "La Dame blanche" de Sébastien Azzopardi et Sacha Danino
 (Compagnie Azzopardi)

Un important dispositif scénique est mis à contribution, avec sa succession de décors intérieurs en carrousel, au milieu d’une forêt nocturne, ses éclairs d’orages diluviens dont les gouttes gagnent le public ; les ectoplasmes lumineux parcourent le plateau, un buste de pierre parle, une giclée de sang traverse l’espace…  Les acteurs se poursuivent dans la salle, jusqu’à ce que les spectres la traverse sur le revers des fauteuils au-dessus des spectateurs ! L’humour constant émane des jouxtes entre Tiersen et son confrère (Sébastien Pierre) pour détendre l’atmosphère. La résolution de l’énigme sera digne de la plus pure tradition du Grand-Guignol, dont se revendique cette "Dame blanche" bon enfant sous ses atours macabres.

  (Compagnie Azzopardi)

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