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La lumineuse solitude de Robert Walser au TNS de Strasbourg

Dans cette création du Théâtre National de Strasbourg intitulée "Ainsi se laissa-t-il vivre", le metteur en scène Guillaume Delaveau s’intéresse au destin du poète suisse Robert Walser.
Article rédigé par Olivier Flandin
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
"Ainsi se laissa-t-il vivre" au TNS, photo de répétition
 (Benoit Linder)

Considéré comme l’un des plus grands écrivains de son époque (1879-1956), Robert Walser a connu un destin paradoxal. Alors  qu’il s’enfonçait dans la solitude, la  pauvreté, puis la folie, ses textes devenaient de plus en plus lumineux, empreints d’humour et d’inventions littéraires. Il cessera d’écrire les vingt dernières années de sa vie,  passées à l’asile .

Sur la scène du TNS, six hommes incarnent le poète, à travers un assemblage de ses textes. Une manière de symboliser la multiplicité des vies de l'écrivain qui souffrait de dédoublement de personnalité.

Reportage : M.Schmitt, C.Feix, I.Hassid-Guimier

« Je me suis mis en tête de raconter une vie ; celle de Robert Walser, si folle, si tragique, si exemplaire » dit Guillaume Delaveau, le metteur en scène « Je devais mettre en scène cette existence invraisemblable, construire un spectacle qui témoigne d’une vie dédiée à la littérature, au travail de la prose, au labeur de la phrase. Je devais adapter cette  vie, entremêlée de façon vertigineuse à l’œuvre, écrite jusqu'à la confusion ».

Parmi les textes utilisés dans la pièce, certains proviennent des "Microgrammes", des poésies écrites au crayon, dans une écriture si minuscule que l’on croyait lire un langage codé.  

MICROGRAMME 119
La neige ne monte pas
mais, prenant son élan,
descend, et puis se pose.
Jamais elle ne monta.
Elle n’est par essence
à tous égards, que silence,
pas trace de vacarme.
Si seulement tu lui ressemblais.
Repos, attente
- Telle est attachante
et douce identité,
vivre, pour elle, c’est s’incliner.
Jamais elle ne remontera
d’où elle est descendue,
elle ne court pas, elle est sans but,
et nous sourit, sans bruit.

"Ainsi se laissa-t-il vivre" mise en scène Guillaume Delaveau
Théâtre National de Strasbourg jusqu’au 16 novembre 2014
de 6 à 28 euros

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