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"La Maison du loup" au Festival Off d'Avignon : après "La Machine de Turing", Benoît Solès séduit les festivaliers avec sa nouvelle pièce

La nouvelle création de Benoît Solès, "La Maison du loup", est à découvrir au Théâtre du Chêne Noir jusqu'au 31 juillet, dans le cadre du Festival Off d'Avignon. 

Article rédigé par Sophie Jouve
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
"La Maison du loup" de Benoît Solès (FABIENNE RAPPENEAU)

Couronné de quatre Molières pour la Machine de Turing, Benoît Solès revient au Festival Off d'Avignon avec un nouvel opus, qu’il a écrit, et qu’il joue avec la même équipe : "La Maison du loup". Le bouche à oreille avignonnais n’a pas tardé…  

Le dernier combat de Jack London 

La Machine de Turing retraçait le parcours de l’homme qui a percé le code Enigma utilisé par les allemands pour communiquer pendant la guerre, dans La Maison du loup, Benoît Solès imagine la rencontre à l’origine du dernier roman de Jack London, Le Vagabond des étoiles. Un ouvrage qui a été l’un des détonateurs de la réforme du système judiciaire américain.

"La Maison du loup" de Benoît Solès (FABIENNE RAPPENEAU)

Eté 1913, Charmian, l’épouse de Jack London (Anne Plantey, forte et solaire), se désespère de voir son mari, en panne d’inspiration, et prisonnier de ses chimères, sombrer dans l’alcool. Elle décide d’inviter Ed Morrell, dont elle vient de lire le témoignage : cet ancien taulard se bat pour que Jacob, son ami de galère, échappe à la peine de mort. La rencontre provoquera-t-elle chez Jack un sursaut, une étincelle ?    

Sur la scène du Théâtre du Chêne Noir, l’amorce d’une belle demeure, avec une vue à couper le souffle sur la vallée, l’heure est encore chaude, entre chien et loup. C’est dans ces paysages chers à Jack (Amaury de Crayencour), chantre de la nature, autodidacte devenu l’un des plus illustres écrivains des Etats-Unis, que déboule Ed Morrell (incarné par Benoît Solès lui-même). Un homme claudiquant, qui a survécu à l’enfermement physique et mental, au mitard, grâce à l’autohypnose.  

Entre hostilité et rivalité, comme deux bêtes sauvages, les deux hommes s’observent, s’affrontent, rien ne semblent pouvoir rapprocher ces deux êtres à l’enfance cabossée.
"La Maison du loup" de Benoît Solès (FABIENNE RAPPENEAU)

Benoît Solès laisse libre cours à son imaginaire 

"La part de création dans la Maison du loup est très grande", nous raconte Benoît Solès à l’issue du spectacle. "Jack London a bien entendu écrit ce livre le Vagabond des étoiles, mais aucun extrait n’en est utilisé dans la pièce. On sait aussi qu’Ed Morrell a vraiment existé, ce prisonnier qui s’est auto-hypnotisé pour supporter la torture, et sa force d’esprit a probablement frappé Jack : l’apôtre de la puissance physique en a fait son dernier grand livre mais personne ne sait comment ils se sont rencontrés, dans quelles circonstances, ce qu’ils se sont dit et quel était le contrat entre eux. Donc j’ai tout inventé, et j’ai imaginé que c’était la femme de Jack qui était à l’origine de tout, qui était le lien entre ce chien enragé (Ed) et ce loup solitaire (Jack) ».

Benoît Solès, regard de braise, interprète Morrell avec tout ce qu’il faut de rage mais aussi d’humanité, un vagabond qui a fait 15 ans de pénitencier et que rien ne peut faire vaciller, ni entraver son combat pour la vie. D’abord indigné lorsqu’il découvre la démarche de Charmian, il entrevoit ce que la notoriété de l’écrivain peut apporter à sa cause, si Jack redevient l’humaniste qu’il est dans ses livres. Amaury de Crayencour incarne l’écrivain dans toute son ambiguité : l’homme engagé, mais qui a soif d’argent et de reconnaissance. 

"La Maison du loup" de Benôit Solès (FABIENNE RAPPENEAU)
Ce face à face tendu comme un arc, mis en scène par Tristan PetitGirard, aborde une multitude de thèmes : la peine de mort, les violences policières, le retour à la nature, l’addiction à l’alcool, la place des femmes dans la société…

A la sortie, Jade 21 ans est en pleine discussion : "J’ai beaucoup aimé, c’est une très belle création, très riche, Benoît Solès sait mettre en perspective des parcours dans le temps : les répercussions pour l’informatique de la création de la machine de Turing pendant la guerre, la réforme du système judiciaire grâce à un livre de Jack London". "C’est très prenant, on est scotché sur notre siège, il y a un travail des acteurs incroyable", juge Martine qui va "recommander ce spectacle à son entourage".  

"La Maison du loup" de Benoît Solès     
Théâtre du Chêne Noir   
8 bis rue Sainte-Catherine, Avignon
04 90 86 74 87
Du 7 au 31 juillet 2021 (relâche les 12, 19, 26 juillet)
Durée : 1h40

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