La "Lettre à ma mère" de Georges Simenon sur scène à Amiens
"Lettre à ma mère" de Georges Simenon est le cri de douleur d'un enfant mal-aimé qui regrette de ne pas avoir su communiquer et échanger avec cette mère disparue. En 1972, Georges Simenon décide de ne plus écrire de fiction, mais il enregistre sur magnétophone vingt-deux volumes de souvenirs, dont "Lettre à ma mère"( 1974) fait partie. Cette lettre confession a été écrite plus de trois ans après la disparition d'Henriette Simenon née Brüll. Dès le premier chapitre, le père du Commissaire Maigret autopsie le cadavre : "Nous ne nous sommes jamais aimés de ton vivant, tu le sais bien. Tous les deux, nous avons fait semblant." De cette cicatrice béante qui irradie une partie de l'oeuvre de Simenon, Robert Benoit a tiré la substantifique moelle de son nouveau spectacle.
Georges Simenon est le fils aîné du couple qui vit à Liège. En septembre 1906 naît son frère cadet, Christian, que sa mère prend en affection. Il est intelligent, affectueux et soumis, contrairement à Georges qui passe pour être une forte tête et qui voue une véritable admiration à son père. Ce malaise familial apparait dans plusieurs romans de Simenon comme "Pietr-le-Letton" ou "Le fond de la bouteille" mais aussi dans son oeuvre auto-biographique "Pedrigree" publiée une première fois en 1948, puis en 1952 après plusieurs procès . Cette blessure n'a jamais été cicatrisée. Lorsqu'il se rend à l'hôpital de Liège où sa mère agonise, celle-ci lui pose cette question "Pourquoi es-tu venu Georges ?". Il ne saura pas quoi lui répondre. Cette lettre est arrivée trop tard pour Henriette. Pour nous, elle permet de mieux comprendre ce personnage complexe, à la fois écrivain de génie et antisémite patenté, auteur de plus de 300 romans et presque autant de nouvelles, publiés en son nom ou sous des pseudonymes divers.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.