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La tragédie d’Hamlet : un drame contemporain inspiré mis en scène par Guy-Pierre Couleau à l’Artistic Théâtre

Dans cette adaptation de Peter Brook sur un texte français de Jean-Claude Carrière et Marie-Hélène Estienne, le metteur en scène Guy-Pierre Couleau a transporté l’univers shakespearien dans un présent indéfini. Efficace.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Benjamin Jungers dans "La tragédie d'Hamlet". (Laurent Schneegans)

Le drame s’ouvre un plateau presque nu : des chaises disposées en demi-cercle et des toiles posées contre le mur du fond. Le décor minimaliste laisse toute la place aux acteurs. Le jeune Hamlet, incarné par Benjamin Jungers, porte costume et cravate. Dans cette adaptation de Peter Brook sur un texte français de Jean-Claude Carrière et Marie-Hélène Estienne, le metteur en scène Guy-Pierre Couleau a transporté l’univers shakespearien dans un présent indéfini. “C’est un espace de jeu épuré et traversé de figures fantomatiques que je souhaite, pour que l’esthétique du spectacle échappe à toute référence au passé. De même pour les costumes ou les corps des acteurs : ils sont ceux que je vois dans la rue, autour de moi et cependant, ils sont habités de passions extrêmes”, explique Guy-Pierre Couleau.

L’indécision, cette petite mort

Hamlet souffre. Le prince danois est rongé par l’indécision, qui ira jusqu’à revêtir une forme d’aliénation. Toute la violence intériorisée exige un exutoire. Alors Hamlet, refusant vainement le remariage de sa mère deux mois après l’assassinat de son père, cherche vengeance. Il désire tuer ce nouveau père régicide, Claudius, interprété par Nils Ohlund impressionnant de présence. La relation œdipienne entre Hamlet et sa mère Gertrude n’apparaît pas comme une évidence. Le jeune prince semble davantage mû par un désir de sang et une pulsion de mort. C’est ainsi qu’il met en place un stratagème pour venger son père, devenu spectre qui vient le hanter. Et pour confronter son beau-père, quoi de mieux qu’une pièce de théâtre ? Hamlet entend dépasser son indécision pour obtenir justice. À quel prix ?

Scène de "La tragédie d'Hamlet". (Laurent Schneegans)

Tout est centré sur le jeu d’acteurs qui évoluent sur scène mais aussi en dehors, dans les travées de la salle. Cette proximité avec les spectateurs apporte une complicité perturbante. Benjamin Jungers et Nils Ohlund parviennent à donner une épaisseur particulière à leurs personnages, le premier dans un rôle enfiévré, tendu, à la limite de la rupture et le second par sa densité et sa présence. La tragédie d’Hamlet, une pièce efficace signée Guy-Pierre Couleau.

Fiche


Titre : La Tragédie d’Hamlet
Texte : William Shakespeare
Adaptation : Peter Brook
Texte français : Jean-Claude Carrière et Marie-Hélène Estienne
Mise en scène : Guy-Pierre Couleau
Durée : 2h sans entracte
Distribution : Emil Abossolo M’Bo, Bruno Boulzaguet, Marco Caraffa, Benjamin Jungers, Hugo Givort, Anne Le Guernec ou Léonore Chaix, Nils Ohlund ou Serge Tranvouez, Sandra Sadhardheen
Lieu : Artistic Théâtre 45 rue Richard Lenoir - 75011 Paris
Résumé : Peu de temps après la mort mystérieuse du roi de Danemark, sa veuve se remarie avec Claudius, son frère. Le fils du roi défunt, le prince Hamlet, vit mal ce remariage. La nuit, sur les remparts, Hamlet rencontre le spectre de son père qui lui révèle qu'il a été assassiné par Claudius. Le comportement d'Hamlet devient de plus en plus fantasque (…)

Affiche de la pièce "La tragédie d'Hamlet". (Artistic Théâtre)

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