"La vie n'est pas terminée, la prison n'est pas une tombe" : condamnée à six ans de prison, la metteuse en scène russe Evguénia Berkovitch promet de continuer à se battre
L'artiste russe Evguénia Berkovitch, condamnée lundi avec la dramaturge Svetlana Petriïtchouk à six ans de prison pour une pièce de théâtre, a promis de poursuivre son combat, dans une affaire illustrant la répression exacerbée en cours en Russie.
"On continuera à se battre", a écrit Evguénia Berkovitch dans une lettre publiée mercredi 10 juillet 2024 sur les réseaux sociaux, sa première réaction publique au verdict. "La vie n'est pas terminée. La prison n'est pas une tombe", a-t-elle ajouté, espérant une réduction de peine, voire une annulation du verdict par une juridiction supérieure.
"Tout est infini jusqu'à ce que ce soit fini", a affirmé la metteuse en scène. Elle a aussi indiqué qu'elle essayait de ne pas avoir "de sentiments pas très chrétiens" à l'égard "de différentes personnes" responsables du verdict. Svetlana Petriïtchouk, elle, a qualifié le procès de "plus grande absurdité jamais vue dans la vie comme dans l'art", dans sa dernière prise de parole au tribunal, diffusée mercredi 10 juillet par son mari sur Telegram.
"Des représailles flagrantes"
Réputées dans le milieu du théâtre russe, Evguénia Berkovitch, 39 ans, et Svetlana Petriïtchouk, 44 ans, incarcérées depuis mai 2023, étaient accusées d'"apologie du terrorisme" pour une pièce de théâtre montée en 2020.
Ce spectacle, Finist, le clair faucon, racontait l'histoire de femmes russes entrées en contact sur internet avec des islamistes en Syrie et partant les rejoindre pour les épouser.
Avant son arrestation, Evguénia Berkovitch s'était publiquement prononcée contre l'offensive en Ukraine, notamment en publiant des poèmes antiguerre. Beaucoup ont lié son arrestation à cette prise de position. L'organisation Human Rights Watch a dénoncé des "accusations totalement absurdes dans le cadre d'un procès inéquitable et constituant des représailles flagrantes".
Depuis le début de l'assaut contre l'Ukraine, en février 2022, la répression frappe toutes les voix dissidentes. L'épuration frappe aussi les milieux culturels, sommés de se plier au discours patriotique et militariste du Kremlin.
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