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Laurent Pelly donne un nouveau souffle à "La Cantatrice chauve" au TNT
Le metteur en scène Laurent Pelly présente une nouvelle production de "La Cantatrice chauve", la célèbre pièce d'Eugène Ionesco, au Théâtre national de Toulouse qu'il codirige (3-26 mars 2016).
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"Le théâtre de l'absurde est toujours contemporain" : en montant "La Cantatrice chauve" au Théâtre national de Toulouse, Laurent Pelly insufle une nouvelle jeunesse à l'une des pièces les plus jouées au monde.
Reportage : C.Sardain,J.L.Pigneux, S.Planchou, A.L. Ruppert
Le petit intérieur bourgeois anglais, sur lequel s'ouvre normalement "La Cantatrice chauve" d'Eugène Ionesco, a cédé la place à un vaste plateau s'enfonçant sur plus de 20 mètres. Des grappes de fauteuils jaunes trônent sur un tapis écossais aux motifs de tartan tout aussi criards. Dans cet espace vide, M. et Mme Smith sautent d'un sofa à l'autre, sans aucune raison apparente.
"Faire exploser l'espace pour le rendre absurde"
"J'ai voulu faire exploser l'espace pour le rendre absurde", explique à l'AFP Laurent Pelly, qui, outre la mise en scène, signe aussi les décors et les costumes. Au Théâtre de la Huchette, à Paris, où la pièce est jouée depuis 57 ans - un record du monde -, la scène tient dans un mouchoir de poche.Au TNT, la taille du plateau a permis d'en repousser les limites. Dans cet espace immense, les acteurs "sont comme des souris dans une boîte", résume Laurent Pelly. En fond de scène, une lourde porte, solidement défendue par une alarme omniprésente, s'ouvre sur un gigantesque mur de sacs poubelle, duquel un immense rat a réussi à s'échapper pour pénétrer chez les Smith.
Dans cette production, le monde extérieur est aussi inquiétant que mystérieux. L'appartement du couple anglais offre confort et sécurité. C'est notamment par ce biais que Laurent Pelly a voulu "renvoyer la pièce à aujourd'hui". "La Cantatrice ne raconte pas une histoire mais en contient 1000. Tout dépend du fil que vous tirez", explique le codirecteur du TNT, qui monte sa quatrième pièce d'Ionesco.
"Ionesco me touche beaucoup et me fait rire. C'est à la fois très triste et très drôle. C'est une sorte de Jacques Tati, mais en hard, en beaucoup plus noir. Il y a une part d'enfance énorme dans La Cantatrice mais, en même temps, une espèce de lucidité extrêmement mature. Tati, lui, reste plus léger."
"Force ubuesque ahurissante"
Créée en mai 1950 à Paris, "La Cantatrice chauve" garde cette "force burlesque ahurissante", explique Laurent Pelly : la pendule à l'esprit de contradiction qui sonne des heures extravagantes; les tirades invraisemblables, comme "Le progrès social est bien meilleur avec du sucre" ; ou encore la danse improbable entre un pompier aux allures de Chippendale et la bonne Mary, une hilarante Alexandra Castellon.Le théâtre de l'absurde, dont "La Cantatrice chauve" a été une force fondatrice, est "toujours contemporain". "Les jeunes adorent. Ionesco bouscule l'ordre établi, le monde des adultes. Cela reste troublant, subversif. Ça reste un Ovni", assure Laurent Pelly qui, à 54 ans, compte déjà 38 ans de mise en scène derrière lui.
Sa première pièce, il l'a montée au lycée, à 15-16 ans, et sa première compagnie, Le Pélican, à 18 ans. Il a par la suite dirigé le Centre dramatique national des Alpes (CDNA), à Grenoble, avant d'être nommé en 2008 au TNT, avec la codirectrice Agathe Mélinand.
Les mises en scène ont été aussi multiples que variées : Ionesco, Shakespeare, Hugo, mais aussi du Labiche et de nombreuses œuvres lyriques d'Offenbach ou de Donizetti. Mais "il y a encore beaucoup de pièces que j'ai envie de faire", dit-il, citant notamment son envie d'explorer les comédies musicales à l'américaine.
Cet éclectisme, Laurent Pelly l'aura apporté au TNT, tandis qu'il en présentera l'an prochain sa neuvième et dernière saison. "Au TNT, on a mêlé des genres différents."
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