Le chansonnier et humoriste Jean Amadou est décédé à 82 ans
"Jean était malade depuis quelques mois. Il était très fatigué ces derniers temps. Il est décédé vers 18h00, chez lui. Il a joué aux Deux Ânes jusque en février 2010. Il avait démarré ici en 1996", a expliqué Jacques Mailhot, précisant qu'il avait connu son compère "en 1974, aux Théâtre de Dix Heures". "C'était peut-être le plus grand chansonnier et pas seulement par sa taille. Il avait une culture exceptionnelle, il avait approché beaucoup de gens, avait beaucoup réfléchi. C'était beaucoup plus qu'un amuseur public", a réagi de son côté Philippe Bouvard, interrogé sur RTL.
Chansons, radio, théâtre, télévision: une carrière bien remplie
Originaire de Lons-le-Saunier (Jura), Jean Amadou avait débuté sa carrière de chansonnier à la fin des années 50 à Paris, s'illustrant sur les scènes des théâtres. Mais c'est à la radio que sa voix devint familière aux Français, d'abord à France Inter dans "L'Oreille en coin" dans les années 70, puis à Europe 1 en duo avec Maryse Gildas. Depuis 15 ans, il était "sociétaire" des "Grosses Têtes", l'émission de Philippe Bouvard sur RTL.
A la télévision, il collabora à l'écriture des textes du "Bébête Show" en compagnie de Stéphane Collaro et Jean Roucas. Il participa également à "Tournez Manège", autre émission historique de la TV des années 80. "Quand on a démarré le +Bébête Show+ en quotidienne en 1988, je me suis dis que ça serait bien de trouver une troisième plume et j'ai pensé à Jean Amadou, qui était dans la grande tradition des chansonniers, un genre majeur", a déclaré Stéphane Collaro. "Jean Amadou était dans les pas des plus grands, Jacques Grello, Robert Rocca, Francis Blanche, Pierre Dac... Il était de cette trempe-là", a-t-il ajouté, tout en évoquant "sa voix grave et magnifique, inoubliable". Jean Amadou s'était déjà illustré sur la première chaîne dans les années 70, en présentant chaque dimanche "C'est pas sérieux" en compagnie de Jean Bertho.
Jean Amadou et le sens de l’humour de François Mitterrand
Un homme extrêmement cultivé
"Jean Amadou était extrêmement cultivé", a également assuré Jacques Mailhot. "C'était un grand amateur d'histoire. Il était imbattable particulièrement sur les XIXe et XXe siècles. Rien ne lui échappait de l'actualité. Il était incollable". "Il aimait les citations et avait une très jolie plume", a-t-il poursuivi. "C'était un grand chansonnier, dans la grande tradition de notre métier. Il a apporté une vraie modernité à la radio mais aussi à la télévision avec +Sérieux s'abstenir+, mais aussi le +Bébête Show+". Pour Philippe Bouvard, "c'était quelqu'un de très spirituel, qui, de temps à autre, publiait des livres où il dépeignait avec cruauté les malaises de notre société. Nous n'en sortions jamais grandis. Il était d'une grande lucidité". "Il a fait beaucoup de choses", a ajouté l'animateur et journaliste. "Il a eu une carrière d'une soixantaine d'années bien remplie. Il était comédien, écrivain... C'était aussi une voix, une voix de cathédrale".
"Une figure artistique de la Ve République" pour le chef de l'Etat
Nicolas Sarkozy a rendu hommage à Jean Amadou, qui était selon le chef de l'Etat "une véritable figure artistique de la Ve République". "A la radio, à la télévision, comme sur la scène des théâtres parisiens, cet érudit à mis pendant plus de 50 ans sa culture historique et politique au service d'un déchiffrage à la fois ironique et bienveillant de notre vie publique", écrit le président de la République. Avec Jean Amadou, "qui avait entamé sa carrière de chansonnier l'année du retour aux affaires du général de Gaulle", c'est "un personnage à part dans la mémoire collective des Français qui disparaît", conclut-il.
"Un homme d'esprit vient de nous quitter", a réagi de son côté le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand. "Jean Amadou était l'un de nos plus grands humoristes", a-t-il ajouté. "C'était aussi un remarquable journaliste, un écrivain, un chansonnier, un homme de radio et de télévision qui avait su gagner la faveur des plus larges publics. Tous les médias, sinon tous les moyens lui étaient bons pour faire rire et sourire. Les pointes de son humour pouvaient être fort vives: elles n'étaient jamais cruelles". Pour le ministre, Jean Amadou "était d'une lucidité redoutable lorsqu'il s'agissait de pointer les ridicules de nos contemporains" mais "il n'en restait pas moins toujours bienveillant et fondamentalement respectueux de la personne humaine". Celui-ci "aura montré qu'on peut faire rire, sourire et réfléchir sans blesser ni salir: c'était sa grande élégance", a-t-il conclu.
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