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"Le huitième ciel" : Florence Pernel et Bernard Malaka, un couple au sommet dans une pièce de Jean-Philippe Daguerre

La nouvelle création de Jean-Philippe Daguerre avec Florence Pernel et Bernard Malaka, "Le huitième ciel", s’adresse au cœur et à la raison avec beaucoup d’humour. Une collision entre deux mondes : les riches et les autres…
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4min
Florence Pernel et Bernard Malaka "Le huitième ciel", une pièce de Jean-Philippe Daguerre. (Grégoire Matzneff)

La retraite est-elle une petite mort ou une renaissance ?  Agnès Duval a construit 27 buildings dans 27 pays d’Europe pour un immense groupe de BTP. Agnès Duval, incarnée par une Florence Pernel inspirée, en descendant de sa tour d’ivoire, de ses vingt-sept tours,  découvre sa nouvelle vie de préretraitée… et surtout se découvre. Partie d’elle-même avant d’être remerciée par son groupe de BTP, celle qui a construit des gratte-ciel, elle refuse de dire buildings, elle constate, effarée, qu’elle ne connait rien de son entourage, de son quotidien. Elle a traversé sa propre vie comme un Jet lancé à toute vitesse. Elle a vécu sa vie à fond, sans jamais rien retenir, ni savourer, hors son travail. Est-ce ainsi que les gens vivent ? Frivole, volage, aérienne, Agnès Duval ne s’attendait pas à la collusion frontale avec le quotidien, cette vie de tous les jours.

 

L’Autre c’est moi

 

Florence Pernel est émouvante de justesse dans ce rôle qui voit son monde s’effondrer avec l’installation de sa fille à l’étranger et le départ de son mari, interprété par un Bernard Malaka à la forte présence physique, à la fois bienveillant puis déterminé. Isolée, désormais sans amis, Agnès Duval vit désormais seule dans sa grande maison. Des sommets des tours aux méandres de la solitude.  Alors quand son jardinier de recueillir deux réfugiés géorgiens menacés d’expulsion, Agnès Duval se montre hésitante puis accepte. Puis s’investit totalement dans la relation. Jean-Philippe Daguerre, auteur et metteur en scène, introduit toute une palette d’émotions et de sentiments.

Scène de "Le huitième ciel" avec Antoine Guiraud, Marc Siemiatycki et Florence Pernel de dos. (Grégoire Matzneff)

Agnès Duval est-elle désintéressée dans son engagement ? Son effort pour aller vers l’Autre est-il une façon de remplir le vide en elle ? Un moyen de guérir ses blessures narcissiques ? Jean-Philippe Daguerre, dont la dernière pièce Adieu Monsieur Hoffman a remporté quatre Molières, s’est attaqué à deux thèmes importants : la vie après le travail, la retraite, et les préjugés. « C’est en confrontant ces deux sujets que j’en suis arrivé à imaginer l’histoire d’Agnès, femme puissante et fortunée, tout juste retraitée qui, à la faveur des circonstances dramatiques qui touchent sa nouvelle vie, va trouver son salut en rencontrant un couple de sans-papiers géorgiens frappés par la tragédie. C’est cette rencontre entre les plus forts et les plus faibles, les plus riches et les plus pauvres qui a guidé la narration de ce conte moderne », explique-t-il.

Antoine Guiraud, Charlotte Matzneff et Florence Pernel dans la pièce de théâtre "Le huitième ciel". (Grégoire Matzneff)

 

Le metteur en scène a choisi une narration nerveuse avec des scènes très courtes. Le couple Florence Pernel et Bernard Malaka fonctionne à merveille. A elle le cœur, à lui la raison. Les répliques font mouche. Bémol, parce qu’il en faut un, les réfugiés auraient gagné à être moins caricaturaux, jusqu’à leurs vêtements.

 

Fiche : 


Auteur et mise en scène : Jean-Philippe Daguerre.

Distribution : Florence Pernel, Bernard Malaka, Charlotte Matzneff, Marc Siemiatycki, Antoine Guiraud et Tanguy Vrignault.

Genre : Théâtre contemporain
Lieu : Théâtre Actuel La Bruyère, Paris IXe
Jusqu’au 19 novembre 2023 
Durée : 1h30 

Résumé : Agnès Duval a construit 27 buildings dans 27 pays d’Europe pour un immense groupe de BTP. Forte de sa « réussite » et de sa Légion d’honneur, elle décide de prendre une pré-retraite bien méritée pour profiter de la vie, de sa famille et de sa fortune. Mais même quand on pense avoir atteint les sommets, les choses ne se passent pas toujours comme on les a imaginées, et la vie peut vous réserver bien des surprises… jusqu’à vous emmener au huitième ciel.

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