"Le malade imaginaire" au Théâtre des Champs-Elysées : Guillaume Gallienne convaincant en Argan, angoissé par la mort
A l’applaudimètre, la pièce est un triomphe. La salle, debout, a ovationné généreusement les acteurs. Le final est grandiose, plein de vie et d’humour, de couleurs et de musique, de tendresse et de poésie. Presque vingt-deux ans après la première représentation de la production signée par Claude Stratz, avec une composition musicale originale de Marc-Olivier Dupin, Le Malade imaginaire continue de ravir le public. La comédie-ballet de Molière, sa trentième et ultime pièce, n’a rien perdu de sa puissance. Portée par un Guillaume Gallienne facétieux et profond, tendre et angoissé, la pièce a gardé toute sa puissance.
La pièce résonne particulièrement pour Guillaume Gallienne : "C'est un regard sur l'hypocondrie, au niveau psychiatrique, mais avec une connaissance dingue. Je connais bien le dossier pour avoir perdu quelqu'un de très proche de ça et j'ai passé toutes les répétitions à dire : mais c'est hallucinant, on a l'impression que Molière connaissait par cœur le sujet puisque c'est exactement l'aspect régressif et plein de choses liées à l'hypocondrie", a-t-il confié à Franceinfo.
Un hypocondriaque bien portant
Que raconte Le malade imaginaire ? Il s’agit de l’histoire d’Argan, un homme d’une grande vitalité atteint d’hypocondrie. Toute sa vie, et celles de ses proches par ricochet, sont centrées sur ses maladies imaginaires. Argan a peur de la mort. Il décide donc de marier Angélique, sa fille aînée, à un jeune médecin, pour avoir un homme de sciences à portée de voix. Au grand désespoir de sa fille, amoureuse d’un autre homme. Tout ne se passe pas comme Argan le souhaite. Sa servante Toinette, formidablement interprétée par Julie Sicard, veille à défaire tous ses projets.
C’est dans une salle pleine à craquer et dans un décor dépouillé, un fauteuil pour unique accessoire, que les sociétaires de la Comédie-Française ont interprété ce classique, plus de deux heures durant sans entracte. La mise en scène de Claude Stratz va à l’essentiel dans cette "comédie crépusculaire". Le moment le plus fort de la pièce : l’intronisation d’Argan comme médecin, un moment d'opéra d’une rare poésie. Pour la légende, Molière, Jean-Baptiste Poquelin pour l’état civil, serait mort sur scène le 17 février 1673 à la quatrième représentation du Malade imaginaire, atteint par une maladie du poumon et d’épuisement.
Le maladie imaginaire de Molière, auThéâtre des Champs-Elysées, jusqu’au 7 janvier 2024
Fiche technique
Distribution
Claude Stratz | mise en scène (création 2001)
Ezio Toffolutti | scénographie et costumes
Jean-Philippe Roy | lumières
Marc-Olivier Dupin | musique originale
Sophie Mayer | travail chorégraphique
Kuno Schlegelmilch | maquillages, perruques et prothèses
Avec la troupe de la Comédie-Française
Alain Lenglet | Béralde
Coraly Zahonero | Béline
Denis Podalydès (en alternance) | Monsieur Diafoirus / Monsieur Purgon
Guillaume Gallienne | Argan
Julie Sicard | Toinette
Christian Hecq (en alternance) | Monsieur Diafoirus / Monsieur Purgon
Christophe Montenez | Cléante
Elissa Alloula | Angélique
Clément Bresson | Thomas Diafoirus / Monsieur Bonnefoy / Monsieur Fleurant
Mathilde Clément, Elisa Cronopol, Eléonore Gattuso Dhion, Alice Javary (en alternance) | Louison
Elodie Fonnard | soprano
Jérôme Billy | ténor
Jean-Jacques L’Anthoën | baryton-basse
Jorris Sauquet | clavecin
Marion Martineau | viole de gambe
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