"Le Mystère Sunny" au Théâtre Montparnasse : Patrick Chesnais et Nicolas Briançon impressionnants en redoutables duellistes

Au-delà du mystère, de la culpabilité ou de l’innocence, "Le Mystère Sunny" est aussi une histoire sur l’amitié, sur le temps qui passe et le passé qui ne passe pas. Le duo Patrick Chesnais - Nicolas Briançon fonctionne à merveille.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
Patrick Chesnais et Nicolas Briançon dans la pièce "Le mystère de Sunny". (FABIENNE RAPPENEAU)

À fleurets mouchetés, les deux protagonistes ne laissent rien passer. Coups bas, demi-vérités, mensonges par omission, ils touchent à chaque fois. Patrick Chesnais et Nicolas Briançon se livrent, avec un plaisir non dissimulé, à une rixe verbale pendant une heure et demie. Entre le présumé innocent et son avocat se déroule, sous nos yeux, un combat sans fin. Qui va céder ? Qui se risquera à l’exercice de la vérité ? D’abord, l’histoire. Pour une fois, la vidéo ne sert pas de gadget ou de prétexte mais apporte un vrai plus au déroulement de la pièce. Au lever du rideau, donc, des images d’archives installent l’histoire. Bien avant l’affaire OJ Simpson, l’Amérique s’est passionnée pour la tentative de meurtre de la richissime Sunny von Bülow. Son second époux, Claus Von Bülow, interprété par Patrick Chesnais, a été acquitté après un procès très médiatisé, le premier à être retransmis en direct. Innocent, vraiment ? Seule Sunny von Bülow, plongée plusieurs années dans le coma, détient la vérité. 

La vérité ? Quelle vérité ?

Acquitté par la justice, Claus von Bülow est-il pour autant innocent ? C’est tout le mystère de cette pièce légère et profonde écrite par Alain Teulié. Dix ans après son procès, Claus von Bülow revient à New York et rend visite à Alan Dershowitz, l’avocat qui l’a fait acquitter. Il est depuis devenu un ténor du barreau. Reconstitué sur scène dans un décor très soigné, son bureau à Manhattan domine New York. Son ancien client, installé désormais à Londres, reste énigmatique. Pourquoi cette rencontre ? Au-delà du mystère, de la culpabilité ou de l’innocence, Le Mystère Sunny est aussi une histoire sur l’amitié, sur le temps qui passe inexorablement. Et ce naufrage qu’est la vieillesse.

Patrick Chesnais et Nicolas Briançon dans la pièce de théâtre "Le mystère de Sunny". (FABIENNE RAPPENEAU)

Patrick Chesnais et Nicolas Briançon sont impressionnants en débatteurs redoutables. Les joutes se succèdent avec jubilation. Les réparties font tilt à chaque fois. Car, malgré l’océan d’incompréhensions qui les sépare, les deux personnages s’insupportent… et s’estiment. Bougon, blasé, revenu de tout, souvent impénétrable et armé de son air malicieux dans la voix et au coin de l’œil, Patrick Chesnais s’amuse à humaniser son personnage, à en faire un salaud comme les autres, qui souffre surtout de solitude, de manque de complicité. Et que dire de Nicolas Briançon, à part saluer une prestation incroyable ? Nicolas Briançon habite son personnage, il est Alan Dershowitz. Le duo Patrick Chesnais - Nicolas Briançon fonctionne très bien. Bémol, car il en faut un, certaines scènes sont redondantes. Le Mystère Sunny, une pièce à voir, pour le jeu d’acteurs.

Fiche

Titre : Le Mystère Sunny

Auteur : Alain Teulié

Distribution : Patrick Chesnais et Nicolas Briançon

Mise en scène: Dominique Guillo

Décor: Jean Haas, assisté de Bastien Forestier

Durée : 1h30

Lieu : Théâtre Montparnasse, 31 Rue de la Gaîté - 75014 Paris

L'affiche de la pièce de théâtre "Le mystère de Sunny". (FABIENNE RAPPENEAU)

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