« Les Infidèles » : Dujardin jardine
Synopsis : L’infidélité masculine et ses nombreuses variations, vues par 7 réalisateurs.
Saturation ? Quelle saturation ?
Vous saturez de Jean Dujardin ? Allez, vous en reprendrez bien une louche. Surtout quand c’est avec son complice Gilles Lelllouche, ce qui s’y prête bien (facile). Tout récemment oscarisé, Dujardin sort « Les Infidèles » dans la foulée de la moisson de récompenses qu’a remportée « The Artist ». Ce hasard (?) de la programmation peut desservir le film, la saturation du public étant un phénomène fréquent en matière de cinéma. Cela serait dommage, car « Les Infidèles » vaut le déplacement.
Dujardin est à l’origine du projet et fait même ses premiers pas derrière la caméra, puisqu’il coréalise le dernier sketch du film avec Gilles Lellouche. Ce retour à une forme peu usitée en France, mais très répandue dans les années 70 en Grande-Bretagne et en Italie, est la première bonne surprise des « Infidèles ». D’autant que le fil conducteur est cohérent, ce qui est le plus difficile à tenir dans l’exercice.
Enchâssées entre un prologue et son aboutissement : cinq histoires autour de l’infidélité conjugale, où le duo Dujardin-Lellouche interprète des adultérins patentés qui tour à tour assument ou culpabilisent. Si l’humour domine, le drame s’invite au passage dans le sketch « La Question » où Jean Dujardin et sa compagne à la ville Alexandra Lamy interprètent une scène de ménage autour de l’aveu ou non d’infidélité, interrogation au cœur de la problématique posée et parfaitement exposée.
Etude de moeurs
Cette incartade dans la tonalité dominante du film souligne la pluralité de ton de chaque sketch, sans pour autant rogner sur sa cohérence. Si le sujet constitue le fil rouge du film, le duo Dujardin-Lellouche en est un autre, chacun changeant de personnage et de personnalité de segment en segment. Le rythme, pierre d’angle de la réussite de la comédie, est enlevé, la surprise en étant une autre. Comme les deux pastilles qui s’invitent, avec Guillaume Canet et Manu Payet, que l’on retrouve dans l’excellent sketch avec Sandrine Kiberlain « Les Infidèles anonymes ».
La polémique sur l’affiche du film taxée de misogynie, retirée après deux jours d’exposition sur les colonnes Morris, ne reflète pas les intentions des « Infidèles » qui est plutôt du côté de l’infantilisme et de la lâcheté des hommes. Un bémol : l’adultère vécu au féminin manque dans cet exposé, même si « La Question » est réalisé par Emmanuelle Bercot. Le parti-pris est celui de parler de l’exercice d’un point de vue masculin. Cette lacune pourrait être comblée par un second opus consacré au versant féminin du sujet. Le film n’en reste pas moins pertinent sur le pan qu’il explore, avec une légèreté et un non politiquement correct peu communs en France, sans pour autant ignorer l’étude de mœurs, qualificatif qui correspond sans doute le mieux à ces « Infidèles ».
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