"Les Rapaces" : une pièce virulente revisite l'univers impitoyable de Fiat en Italie

Les auteurs des "Rapaces" revendiquent l'écriture d'une pièce à charge sur l'héritage de la famille Fiat, à l'issue de la mort du fondateur de la célèbre marque automobile.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Hélène Lestrade et Joëlle Séchaud dans "Les Rapaces" d'Attilio Maggiulli et Claudine Durand Simon au théâtre de La Comédie italienne, à Paris (2024). (FABIEN TURBINE)

Qualifiée de "brûlot" par ses auteurs Attilio Maggiulli et Claudine Durand Simon, Les Rapaces voit s'affronter la veuve de Gianni Agnelli, ancien président de Fiat, et son petit-fils Lapo Elkann, sous le regard d'un médium et les interventions muettes, mais illustratives, d'un ouvrier de la célèbre marque italienne.

La confrontation, mouvementée et très argumentée, se joue à La Comédie italienne, à Paris, dans un texte puissant à l'interprétation tripartite, entre Hélène Lestrade, Joëlle Séchaud, Attilio Maggiulli, accompagné de Yanis Mostefa-Sba.

"Dallas chez les Agnelli"

À la représentation des Rapaces, on pense aux Atrides de la mythologie grecque, tellement les antagonismes et menaces entre les héritiers de Gianni Agnelli sont virulents. Plus proche de nous, ce n'est pas un hasard si Attilio Maggiulli et Claudine Durand Simon sous-titrent leur pièce Dallas chez les Agnelli en resituant leur intrigue dans un milieu affairiste. Sur scène, Hélène Lestrade (Principessa, Marella, veuve d'Agnelli) tient la dragée haute à Joëlle Séchaud (Lapo Elkann, son petit-fils), face au médium Gustavo Rol (Attilio Maggiulli) qui compte les points.

De prime abord, cela fait du bien de voir une mise en scène qui soigne le décor et les costumes (splendides costumes XVIIIe siècle), en référence de la commedia dell'arte, alors que la tendance scénique actuelle est à une sobriété dépouillée. Et puis on apprécie l'intelligence du texte qui alimente une diatribe foisonnante et virulente entre des opportunistes sans vergogne se disputant la plus grosse part du gâteau.

Une monarchie industrielle

Essentiellement alimentée par les échanges entre Hélène Lestrade et Joëlle Séchaud, qui interprète un rôle masculin, Les Rapaces porte bien son titre, tant le peu de considération à l'égard du défunt le dispute à l'appât du gain. Car Fiat est un fleuron de l'industrie italienne, faisant partie de Stellantis depuis 2021, à la suite de la fusion avec PSA Peugeot-Citroën et regroupant de nombreuses marques parmi lesquelles Alfa Romeo, Maserati, Ferrari (90 %), Chrysler et Jeep. C'est dire si les enjeux sont énormes et ostensiblement représentés sur scène.

L'anachronisme entre le sujet, concernant un groupe entrepreneurial du XXIe siècle, et l'environnement XVIIIe siècle de la pièce renforce le caractère monarchique de Fiat dans l'économie transalpine. Il se retrouve dans l'interprétation notamment d'Hélène Lestrade en Principessa (Princesse), sobriquet tout en noblesse qui la qualifie. Le résultat est sans appel dans une lutte de pouvoir dont les enjeux ne reposent pas sur une bienveillance à l'égard de sujets assouvis, mais à tirer le maximum de profits d'ouvriers et employés asservis.

"Les Rapaces"
D'Attilio Maggiulli et Claudine Durand Simon
Mise en scène : Attilio Maggiulli et Claudine Durand Simon
Avec : Hélène Lestrade, Joëlle Séchaud, Attilio Maggiulli, et Yanis Mostefa-Sba
Du mercredi au samedi à 20h30, matinée dimanche à 15h30
La Comédie Italienne
17 rue de la Gaité, 75014 Paris
Tél : 01 43 21 22 22

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