Marathon : huit heures de "Faust" au Festival d'Avignon
Le public connaît bien la première pièce, "Faust I", la tragédie de Marguerite, jeune fille séduite par Faust, le savant insatiable de connaissances qui a vendu son âme au diable. Beaucoup moins connue, la deuxième partie de la pièce ("Faust II") embrasse les enjeux du monde, politiques, économiques et scientifiques, dans un vaste fourre-tout "hétérogène, étrange, bizarre", selon le metteur en scène.
Faust II, tragédie de l'économie
La première pièce, entièrement écrite en vers, publiée en 1808, a immédiatement connu un énorme succès. "Faust a passé toute sa vie à écrire la seconde, et a demandé à ce qu'elle ne soit publiée qu'après sa mort", a expliqué Nicolas Steemann à la presse. Autant la première pièce est homogène, autant la seconde est pleine de ruptures de rythme, de genres et de langages différents. "tragédie de l'amour" et "tragédie de l'économie" "C'est une pièce incroyablement moderne, qui parle d'économie, d'argent, et qui se termine sur une catastrophe écologique", décrit le metteur en scène. "Si Faust I est une tragédie de l'amour, Faust II est une tragédie de l'économie". Nicolas Steemann, qui avait donné à Avignon l'an dernier "Les contrats du commerçant. Une comédie économique" de Elfriede Jelinek, dit avoir "cherché une pièce qui parle d'économie, ce qui n'est pas du tout fréquent".
Musique, chant, danse dessin et vidéo
Pour porter à la scène ce "Faust" hors norme, Nicolas Steemann recourt à tous les moyens du théâtre contemporain: musique, chant, danse, dessin live, vidéo et même les marionnettes du théâtre Hemi à Berlin. "Ce sont des marionnettes très spéciales, faites de matériaux de récupération, et qui s'inscrivent à mon avis très bien dans la pièce", dit-il. Lui-même est souvent sur scène, dans le rôle du modérateur qui explique ce qui va se passer. "Il y a un tabou au théâtre pour expliquer, alors que quand vous allez voir une exposition, vous trouvez normal d'avoir des explications", remarque-t-il.
Fallait-il couper dans le spectacle pour réduire sa durée? Nicolas Steemann, qui a fait ses débuts au théâtre avec des spectacles très courts, avoue produire des oeuvres de plus en plus longues. "C'est un privilège du théâtre de pouvoir créer un tel espace avec les spectateurs, c'est impossible partout ailleurs, au cinéma et à la télévision. C'est dur, il faut travailler, mais après on est heureux d'avoir passé ce temps ensemble", ajoute-t-il. Que le spectateur se rassure: la version vraiment intégrale "ferait sans doute plus de 20 heures", et Nicolas Steemann a opéré des coupes, tout en respectant la progression de l'oeuvre. "Faust I + II", dont c'est la première en France après la création en Allemagne, est donné trois fois à Avignon, les 11, 13 et 14 juillet.
Faust I et II de Johann Wolfgang von Goethe, mis en scène par Nicolas Stemann, spectacle en allemand surtitré en français, à la FabricA d'Avignon, les 11, 13 et 14 juillet à 15h30.TARIFS : de 20 € à 47€ (restauration possible sur place).
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