#MeTooThéùtre : comment le hashtag a émergé sur les réseaux sociaux pour aider les victimes à témoigner
L'initiative a été lancée jeudi par Marie Coquille-Chambel, critique de théùtre, qui dit agir au sein d'un collectif.
Lever le rideau sur le harcĂšlement et les violences sexuelles dans le milieu du thĂ©Ăątre. C'est la raison d'ĂȘtre du hashtag #MeTooThĂ©Ăątre, qui a Ă©mergĂ© sur Twitter jeudi 7 octobre. A l'origine de cette initiative se trouve la critique Marie Coquille-Chambel. Elle raconte avoir Ă©tĂ© violĂ©e par un membre de la ComĂ©die-Française, qui est toujours en poste, malgrĂ© le dĂ©pĂŽt d'une plainte dont est informĂ©e la direction de l'institution. PrĂšs de 4 000 personnes avaient partagĂ© son message vendredi aprĂšs-midi.
J'ai été violée par un comédien de la Comédie-Française pendant le premier confinement, pendant que je faisais un malaise.
â Marie Coquille-Chambel (@mariecchambel) October 7, 2021
Il est toujours membre de la ComĂ©die-Française, mĂȘme si la direction est au courant d'une plainte dĂ©posĂ©e.#metootheatre
Elle a ensuite encouragé d'autres personnes à témoigner avec le hashtag #MeTooThéùtre. "Nous n'avons plus peur. Mort à l'omerta", prévient-elle.
J'invite toutes les personnes harcelées sexuellement, agressée ou violées dans le milieu théùtral à témoigner avec le hashtag #metootheatre
â Marie Coquille-Chambel (@mariecchambel) October 7, 2021
Nous n'avons plus peur.
Mort Ă l'omerta
Elle raconte Ă LibĂ©ration (article abonnĂ©s) agir au sein d'un collectif, qui a "lancĂ© le hashtag en rĂ©action Ă la sortie de l'enquĂȘte sur Michel Didym [metteur en scĂšne visĂ© par une enquĂȘte prĂ©liminaire aprĂšs une plainte pour viol]". "On pense que c'est enfin le moment, pour toutes les victimes, de se rassembler", ajoute-t-elle.
"On sait, on parle, on Ă©vite, on s'adapte"
Son appel a visiblement Ă©tĂ© entendu puisqu'au moins 5 000 personnes ont tĂ©moignĂ©. Une rĂ©gisseuse lumiĂšre dit ne plus compter le nombre de fois oĂč elle a subi du harcĂšlement et des agressions sur ses "diffĂ©rents lieux de travail". Une journaliste raconte dans une sĂ©rie de messages comment son ancien professeur de thĂ©Ăątre, de vingt-huit ans son aĂźnĂ©, a changĂ© de comportement lorsqu'elle a eu 18 ans. Un comĂ©dien se souvient d'une rĂ©gisseuse qui a Ă©tĂ© agressĂ©e sexuellement par un professeur du cours Florent "pendant un spectacle", prĂ©cisant que l'enseignant n'a pas Ă©tĂ© licenciĂ© et qu'il travaille dĂ©sormais Ă Avignon.
Le phénomÚne est tel que comédiennes et comédiens se donnent des conseils et se préviennent, relate un utilisateur de Twitter. "On sait, on parle, on évite, on s'adapte", écrit une internaute, assurant que le problÚme est généralisé dans le milieu du théùtre, de Paris aux grandes villes en passant par des communes de taille plus réduite.
En vrai. Vous voulez la vérité ? Partout. à Paris et dans les villes paumées. Dans toutes les écoles, trÚs réputées, nationales ou non. Dans les compagnies, dans la technique, dans les petites et grosses productions. On sait, on parle, on évite, on s'adapte #metootheatre
â krby (@Retsukokrby) October 7, 2021
Le hashtag #MeTooThĂ©Ăątre a ensuite Ă©tĂ© relayĂ© par le collectif NousToutes, par Alice Coffin, conseillĂšre municipale EELV de Paris, ou encore par l'actrice NadĂšge Beausson-Diagne, prĂ©sidente du collectif MĂȘme pas peur, qui lutte contre les violences sexuelles.
Hier, le #MeTooTheatre a éclaté.
â #NousToutes (@NousToutesOrg) October 8, 2021
Soutien Ă toutes les victimes. Nous vous croyons, vous n'y ĂȘtes pour rien, vous ĂȘtes https://t.co/cRArVSdgge.
Il est temps de mettre fin à l'impunité qui plane au sein du monde théùtral.
De précédentes actions
Cette mobilisation se situe dans la continuité de précédentes actions dénonçant le harcÚlement sexuel, les agressions sexuelles et les viols dans le milieu du théùtre. Des dizaines de personnes ont ainsi manifesté, en mars, devant les locaux du cours Florent, à Paris, pour dénoncer le "silence" de la prestigieuse école privée de théùtre face à des soupçons d'abus commis par certains de ses professeurs.
Sur Instagram, le compte Paye ton rÎle, qui compte quelque 8 100 abonnés, rapporte depuis juin 2020 des témoignages de personnes du milieu du cinéma et du théùtre.
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AprÚs la vague MeToo aux Etats-Unis, en 2017, qui a amorcé la chute de l'ancien magnat du cinéma Harvey Weinstein, le mouvement de libération de la parole a gagné différentes sphÚres. C'est le cas avec #MusicToo et #MusicTooFrance, qui appelait les victimes du milieu musical à témoigner.
Mais pourquoi le #MeToo du thĂ©Ăątre a-t-il mis autant de temps Ă naĂźtre ? "Nos agresseurs ne sont pas des stars pour le grand public, alors tout le monde s'en fiche", analyse Marie Coquille-Chambel. Pourtant, le mĂȘme mĂ©canisme est en place, estime dans les colonnes de LibĂ©ration Marylie Breuil, membre du collectif Nous Toutes : "C'est la mĂȘme chose dans tous les mĂ©tiers artistiques, comme la musique ou le cinĂ©ma." SollicitĂ© par franceinfo, le ministĂšre de la Culture n'a pas encore rĂ©agi Ă cette nouvelle vague de tĂ©moignages.
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