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#MeTooTheatre donne de la voix : contestations, revendications et soutiens s'expriment pendant la cérémonie des Molières

Au cours de la 33e cérémonie des Molières, plusieurs femmes, comédiennes et militantes, ont pris la parole pour dénoncer les violences sexistes et sexuelles dans le milieu théâtral. 

Article rédigé par franceinfo Culture
France Télévisions - Rédaction Culture
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Isabelle Carré lors de la 33e cérémonie des Molières, aux Folies Bergères.  (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

Si la 33e cérémonie des Molières s'est voulu festive - pour célébrer les 400 ans de l'auteur des Fourberies de Scapin - elle a aussi été marquée par les critiques et les revendications de #MeTooTheatre. A l'intérieur des Folies Bergères ainsi qu'à l'extérieur du bâtiment, plusieurs femmes ont montré leur soutien au mouvement et ont dénoncé les violences sexistes et sexuelles qui persistent dans le milieu. Deux militantes, chargées de faire un discours durant la soirée, ont finalement décliné l'invitation en désaccord sur le contenu du texte. 

Un discours d'ouverture engagé

La présidente de cérémonie, l'actrice Isabelle Carré est la première à s'exprimer sur le sujet, alors que la soirée vient à peine de commencer. "Nous pensions que le mouvement #MeToo viendrait prendre la parole et il ne vient pas", a-t-elle dit avec regret, "alors, moi, qui crois aux livres et qui crois au pouvoir des mots, je voulais simplement vous montrer ce livre, #MeTooThéâtre, qui va bientôt sortir et qui, je crois, est un outil important pour faire avancer les choses. Et ainsi, de cette manière, en parlant d’elles, ces femmes courageuses sont un peu parmi nous ce soir" a ajouté l'actrice en brandissant le petit ouvrage sous un tonnerre d’applaudissements. Et d'ajouter : "Moi, présidente des Molières, je laisserai chacun prendre la parole comme il l’entend".

Des référents dans les théâtres

Elle n’est pas la seule a avoir pris la parole au cours de la soirée. L’actrice Nathalie Mann, représentante des Actrices et Acteurs de France Associés (AAFA) a proposé de "nommer un référent ou une référente" pour les violences sexistes et sexuelles dans chaque institution théâtrale. "Vous ne savez toujours pas ce qui se passe à l'intérieur de vos théâtres" a-t-elle affirmé lors de son passage sur scène.

Pauline Bureau, lauréate du Molière de l’autrice francophone vivante pour sa pièce Féminines, a souhaité rappeler que seulement "18% de l’argent public va à des compagnies dirigées par des femmes". Elle s'est ensuite adressée directement à la nouvelle ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, présente dans la salle, pour lui demander de faire de ce combat l'une de ses priorités. 

Adèle Haenel lors de la manifestation du collectif #MeTooTheatre devant les Folies Bergères, le 30 mai 2022. (AMAURY CORNU / HANS LUCAS)

Manifestation à l’extérieur

Devant les Folies Bergères, un groupe de militantes du collectif #MeTooTheatre est venu manifester pendant la cérémonie, scandant à l'unisson "Pas d’honneur pour les violeurs". Elles étaient notamment accompagnées de l’actrice Adèle Haenel et de la journaliste Alice Coffin.

La manifestation a été provoquée par l'absence du collectif sur la scène des Molières. Alors que deux militantes devaient s'exprimer aux sujets des violences faites aux femmes dans le monde du théâtre, les organisateurs ont souhaité qu'elles revoient le texte de leur intervention. La blogueuse Marie Coquille-Chambel parle, elle, de "censure" : "La délégation des Molières a censuré notre texte et nous a demandé d'en réécrire un. Nous avons refusé", a-t-elle indiqué sur son compte Twitter.

Des accusations que rejette Jean-Marc Dumontet, président des Molières. Selon lui, le texte proposé ne correspondait pas à l'accord conclu entre les deux parties. En vertu de cet accord, cette prise de parole devait "éviter l'évocation de cas particuliers", a-t-il expliqué. En outre, elle devait être "centrée autour d'une proposition", à savoir "la mise en place d'un référent sur les agressions sexuelles dans chaque théâtre ou compagnie".

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