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"Moi et François Mitterrand" au théâtre Rive gauche : Christophe Alévêque brille dans un seul-en-scène hilarant

Adaptée du livre éponyme d’Hervé Le Tellier, la pièce "Moi et François Mitterrand", mise en scène par Delphine de Malherbe, interroge et divertit. Sobre, tout en retenue, Christophe Alévêque est Hervé, un personnage un peu mytho, un peu mégalo. Et très humain.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Christophe Alévêque dans la pièce "Moi et François Mitterrand". (FABIENNE RAPPENEAU)

Pour installer son personnage, dès son entrée sur scène, Christophe Alévêque enlève son manteau, le pose sur le perroquet et, non satisfait, le change de place pour le remettre finalement à sa place initiale. Ensuite, il range son bureau présidentiel, déplace les objets et les livres, pour les poser à nouveau au même endroit. Au millimètre près. Les rires fusent dans la salle. Le ton est donné : il sera complice du début à fin. Chaque phrase, ou presque, déclenche une réaction dans la salle. Pendant plus d’une heure, Christophe Alévêque est Hervé, un citoyen lambda qui s’enorgueillit d’avoir une relation épistolaire avec François Mitterrand et ses successeurs.

Pourtant, Hervé a su rester simple, modeste : "Depuis 1983 et jusqu’à aujourd’hui, j’entretiens une correspondance très régulière avec François Mitterrand, puis tous ses successeurs. Bien qu’homme de l’ombre, j’ai été – je pense pouvoir le formuler ainsi – leur mentor discret et avisé. L’âge venant, j’ai décidé de témoigner, afin que cet échange qui fait désormais partie de l’Histoire soit transmis pour l’édification des générations à venir."

L’homme qui écrivait aux présidents

Aux lettres personnelles d’Hervé, l’Elysée répond toujours avec la même lettre type. Encore et encore, durant des décennies. Cependant, Hervé voit en chaque lettre élyséenne une réponse personnalisée. "D'autres auraient pu confondre sa réponse avec une lettre type. Pas moi. J'ai répondu, et reçu de François une nouvelle réponse, à la teneur assez proche. S'est ainsi établie une correspondance très personnelle entre lui et moi, jusqu'à sa disparition." Et à entendre, à chaque fois, comme si c’était une nouvelle lettre, Christophe Alévêque jouer sur les accentuations, appuyer sur une expression, survolant une autre, le public explose de rire.

Christophe Alévêque dans la pièce "Moi et François Mitterrand". (FABIENNE RAPPENEAU)

La pièce, adaptée du livre éponyme d'Hervé Le Tellier (éditions JC Lattès), fait revivre presque quatre décennies de politique française. Sobre, tout en retenue, Christophe Alévêque laisse entrevoir un personnage fragile et résilient, un "doux dingue". Hervé alterne les CDD (très courts) et les longues périodes de chômage. Il a deux constantes : ses lettres aux différents présidents et à… Madeleine, l’amour de sa vie. Et contrairement à l’Elysée, Madeleine ne répond jamais. Pas bien grave, Hervé continue de lui écrire. Sa correspondance ne va pas se tarir pour si peu. Non, Hervé n’est pas pathétique. Il est même lumineux dans sa détermination. Un peu mytho, peut-être. Un peu mégalo, aussi. Moi et François Mitterrand, pièce mise en scène par Delphine de Malherbe, interroge et divertit. Avec brio. 


Fiche

Titre : Moi et François Mitterrand

Auteur : Hervé Le Tellier

Distribution : Christophe Alévêque

Mise en scène : Delphine de Malherbe

Durée : 1h10

Lieu : théâtre Rive gauche - 6 rue de la Gaîté, 75014 Paris

Dates : jusqu’au 20 décembre 2023

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