Mois Molière 2022 : l'hilarant "Impromptu de Versailles" ouvre la 26e édition du festival versaillais
La 26e édition du Mois Molière a démarré mercredi soir à Versailles. Pendant 30 jours la ville présentera plus de 230 spectacles. “L’Impromptu de Versailles”, mis en scène par Anthony Magnier, a ouvert le bal dans la Grande Écurie du Roi.
Située en face du château de Versailles, la Grande Écurie a ouvert ses portes en fer forgé et feuilles d’or pour accueillir le premier spectacle du Mois Molière : L'Impromptu de Versailles, pièce peu connue du dramaturge français. Une bonne manière de rendre hommage à celui qui célèbre ses 400 ans cette année. Une dizaine de ses pièces sera jouée également au cours de ces trente jours de festival, dans différents lieux de la ville royale.
Dans une des cours de l’immense bâtisse en pierres jaunes, des gradins et une petite scène en bois ont été installés. Deux ou trois malles seulement occupent l’espace scénique. Il n’y a rien besoin de plus tant la magie des lieux fait le reste. Pendant que le public s’installe, quatre jeunes musiciens en tenues de soirée flamboyantes, s’assoient devant le plateau. Les doigts tremblants, armés de leurs instruments à cordes, ils entamment leur premier morceau. Loin des airs joués à Versailles au temps de Louis XIV, ils interprètent ceux d’un compositeur ukrainien.
A peine ont-ils terminé, que Molière (interprété par le comédien Laurent Paolini) bondit sur scène tout excité. Il fait les cent pas devant les spectateurs amusés, avant d’appeler le reste de la troupe : "Allons donc, Messieurs et Mesdames, vous moquez-vous avec votre longueur, et ne voulez-vous pas tous venir ici ?" crie-t-il au sept personnages qui font leur entrée. Le spectacle peut commencer.
"Molière en résidence à Versailles"
Pourquoi avoir choisi cette pièce de Molière pour l’inauguration de cette nouvelle édition ? Parce que c’est "sans doute celle qui parle le mieux de la vie de la troupe de Molière et de la cour de Versailles", explique le maire de la ville, François de Mazière. Créateur passionné de ce festival, il en est aussi le directeur artistique. "Avec nos mots contemporains, nous dirions que Molière fut le premier dramaturge invité en résidence à Versailles".
Cette année, l'édile a demandé à plusieurs compagnies de théâtre versaillaises de travailler ensemble pour donner vie à ce nouveau spectacle. Anthony Magnier endosse le rôle de metteur en scène. Sous sa responsabilité, neuf comédiens avec qui il n’avait encore jamais travaillé : on y retrouve Salomé Villiers, lauréate du Molière 2022 de la révélation féminine pour son rôle dans Le Montespan de Jean Teulé. Mais aussi Elisa Benizio, de la compagnie Les Mauvais Élèves et fille d’un célèbre duo comique, Shirley et Dino (qui lui ont probablement inspiré quelques-unes de ses mimiques). "Nous avons monté cette pièce en neuf jours, un sacré défi”, annonce le metteur en scène, quelques secondes avant le début du spectacle, “mais j’ai rencontré des comédiens formidables avec qui j’espère pouvoir retravailler par la suite".
Courte et rarement jouée
L’Impromptu de Versailles est une pièce de "théâtre dans le théâtre". Molière l’a écrite pour répondre aux attaques faites à sa précédente création, L’Ecole des femmes. Elle montre le dramaturge au côté de sa troupe qui répète un nouveau spectacle. Les comédiens sont mécontents parce qu’ils n’ont pas eu le temps d’apprendre leur rôle alors que l’arrivée du roi est imminente. Rapidement, l’angoisse fait place à la rigolade, et la répétition à un vrai spectacle.
Constituée d’un seul acte, la pièce est écrite en prose et dure une quarantaine de minutes. C’est la première fois qu’elle est jouée au Mois Molière. En région parisienne, aucun théâtre ne l’avait programmé depuis 2020.
Drôle et accessible
Si la pièce a été montée en seulement neuf jours, c'est une réussie. Les huit comédiens font rire à gorge déployée un public réunissant toutes les générations. A tour de rôle, ils déploient leur talent d’imitation : le marquis extravagant et simple d’esprit, la courtisane snob aux intonations de grandes bourgeoise ou encore la cantatrice excessive qui ne perd pas une occasion de faire vibrer ses cordes vocales. Ils rient sur scène de leurs propres interprétations et manifestent une belle complicité.
Avec les tenues d’époque et un cadre d’exception, L’Impromptu de Versailles nous transportent à la Cour du roi Soleil. La mise en scène est sobre, la lumière naturelle, à l'exception de quelques projecteurs allumés à la tombée de la nuit. L'énergie sur scène est communicative et le public pris à partie : "Oh vous Versaillais, vous êtes si chics !", lance Molière avec un sourire en coin. Les comédiens brisent le quatrième mur à plusieurs reprises pour saluer, et même embrasser le public, enchanté.
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