"On pense fermer une dizaine de jours, on n'a pas le choix" : l'agacement des théâtres privés parisiens à l'approche des Jeux olympiques

Les théâtres privés parisiens déplorent le grand flou autour des conditions dans lesquelles ils vont pouvoir accueillir le public pendant les Jeux olympiques. Certains prévoient d'ores et déjà de fermer une partie de l'été.
Article rédigé par Anne Chépeau - édité par France Info
Radio France
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Temps de lecture : 3min
La devanture du théâtre de la Huchette, le 25 mai 2016, à Paris. (MAGALI COHEN / HANS LUCAS)

À un peu plus de sept mois des Jeux olympiques, les théâtres privés parisiens sont inquiets. La plus grande incertitude pèse sur leur activité l’été prochain, en raison des restrictions de circulation et des périmètres de sécurité. Les JO risquent de fragiliser certaines salles, comme le théâtre de la Huchette.

Ce théâtre historique, avec une petite salle de 90 places en plein quartier latin, est situé à deux pas de la Seine et de ses quais. Un emplacement de rêve, sauf pendant les Jeux. "Nous, on sera directement touchés avant l'ouverture des JO, déplore son directeur, Franck Desmedt. Puisqu'on sera en zone de circulation totalement interdite, pendant la cérémonie d'ouverture et après. On nous dit que la circulation sera déviée, mais les gens pourront-ils venir ? On pense fermer déjà une dizaine de jours, on n'a pas le choix. Mais on va devoir probablement fermer un peu plus."

Jusqu'à 50 000 euros de pertes

Fermer est un cauchemar pour les petites salles, qui disposent d’une faible trésorerie et dont l’équilibre économique repose sur les recettes de billetterie. Au théâtre de la Huchette, août est habituellement l'un des meilleurs mois de l’année en termes de fréquentation. Franck Desmedt a chiffré les pertes pour l’été 2024. "Ce sera à peu près 40 à 50 000 euros sur toute la période des JO puisqu'on aura forcément une baisse d'activité, et de toute façon des jours incompressibles. Et encore, dix jours c'est une estimation, mais on pense qu'on va devoir fermer encore davantage. Donc cela va évidemment monter."

Les petites salles qui n’auront pas l’obligation de fermer vont soit réduire leur programmation, comme le théâtre Lepic, soit renoncer à lancer de nouveaux spectacles en juin. Les salles plus grandes songent sérieusement à fermer.

Incertitudes autour des restrictions de circulation

Mais inutile d’espérer en profiter pour effectuer des travaux. Faute d’informations précises sur les restrictions de circulation, les entreprises ne veulent pas s’engager à prendre des chantiers dans Paris l’été prochain. Des incertitudes de plus en plus problématiques selon Caroline Verdu, présidente du Syndicat national du théâtre privé (SNDTP). "On est bien incapables de dire à nos artistes et à nos techniciens ce qu'on va pouvoir faire cet été. Est-ce qu'on va pouvoir faire des spectacles, embaucher des gens ?, s'interroge-t-elle. On est maintenant en décembre, on est dans des métiers qui se prévoient longtemps à l'avance, on n’invente pas un spectacle en 24 heures et on ne sait pas quoi dire. L'agacement gronde de toutes parts, bien au-delà des directeurs de théâtre."

Si l’été s’annonce très compliqué pour les théâtres privés parisiens, la rentrée ne l’est guère moins avec les Jeux paralympiques du 28 août au 8 septembre, au moment du démarrage de la saison pour de très nombreuses salles.

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