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"Par les villages": Stanislas Nordey et le vent du monde au Palais des Papes

Dans la Cour d'honneur, quatre heures de texte poétique et social de l'écrivain autrichien Peter Handke, mis en scène par Stanislas Nordey avec Emmanuel Béart et Jeanne Balibar.

Article rédigé par Sophie Jouve
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Boris Horvat/AFP)

Les mots, rien que les mots de Peter Handke. Ils disent beaucoup du monde et de nous même. Et pendant la première heure de spectacle on se laisse envoûter par la beauté de cette langue, si poétique et si profonde.

La beauté de la langue de Handke


Il est question de retrouvailles douloureuses d'une fratrie qui se dispute une maison de famille après la mort des parents. L'héritage, l'inégalité, l'individualisme sont au coeur de "Par les villages". Deux frères se déchirent : Grégor l'intellectuel (Laurent Sauvage) qui revient au pays et Hans (Stanislas Nordey) l'ouvrier du bâtiment, abonné aux taches les plus ingrates, un idéaliste en révolte contre le monde.

La mise en scène est minimaliste, un alignement de baraques de chantiers au premier acte, des silhouettes d'arbres ensuite. Nordey centre tout sur la performance des acteurs, dont les longs monologues sont ponctués par une guitare électrique. 

Monologues


Deux de ces monologues sont éblouissants, celui d'Anne Mercier, merveilleuse contremaitre qui dénonce avec gouaille et fureur le mépris qui entoure ces villages perdus dont on ne parle que dans les faits divers et qui ont, nous dit Handke,  "tant besoin d'être glorifiés". Et puis il y a Hans-Nordey, le porte voix des sans grades, impresionnant de fièvre et de justesse. Tous emplissent la Cour d'honneur de leur présence.

Emmanuel Béart est la soeur, en quête d'identité. Une simple vendeuse, mais déterminée et farouche. Un rôle modeste pour celle qui a gagnée ses galons au théâtre ces dernières années. Jeanne Balibar, la réconciliatrice joue un peu le rôle du coeur Antique, avec quelque chose de figée qui ne fonctionne pas toujours. Elle clôt, par un long monologue, la traversée de cette pièce de près de 4 heures de spectacle.

  (Boris Horvat/AFP)

Entre fulgurances et ennui

Mais après une première heure sublime cela se gâte un peu. Ce théâtre de la parole et aussi celui de la froideur. Les acteurs sont vibrants, convaincus, mais on aimerait plus d'incarnation et d'émotion.

Un spectacle âpre, audacieux, entre fulgurances et ennui, qui dessine le portrait d'une humanité en plein désarroi;

  (Boris Horvat/AFP)


"Par les villages", de Peter Handke, mise en scène de Stanislas Nordey
Jusqu'au 13 juillet. Réservations : 04 90 14 14 14

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