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"Amitiés sincères", belle ode à l'amitié autour de Gérard Lanvin

Après avoir été une pièce à succès au théâtre, « Amitiés sincères » est portée sur le grand écran par ses deux auteurs François Prévôt-Leygonie et Stephan Archinard. Pour leur premier long-métrage, ils offrent une très jolie comédie dramatique sur le thème de l’amitié et de l’amour avec Gérard Lanvin, Jean-Hugues Anglade et Wladimir Yordanoff dans les rôles principaux.
Article rédigé par franceinfo - Chrystel Chabert
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Wladimir Yordanoff, Gérard Lanvin, Ana Girardot et Jean-Hugues Anglade
 (SND Films )

De Stephan Archinard et François Prévôt-Leygonie (France) - Avec Gérard Lanvin, Jean-Hugues Anglade,  Wladimir Yordanoff, Zabou Breitman, Ana Girardot -1h44 - Sortie : le 30 janvier 2013

Synopsis : Walter Orsini est propriétaire d'un restaurant, divorcé et père de Clémence, son unique fille, qui vit avec lui et qu'il couve d'un amour sans égal. Deux autres personnes occupent une place centrale dans sa vie : Paul, écrivain, lauréat du Goncourt mais en panne d'inspiration, et Jacques, libraire engagé. Les trois hommes se retrouvent autour de rituels immuables et semblent tout se dire. Car Walter déteste le mensonge et pense que ses proches fonctionnent sur le même mode. Il va pourtant découvrir que certains secrets sont parfois durs à partager, même avec ses meilleurs amis.

 

 

 

 

Du théâtre au grand écran

En 2006, François Prévôt-Leygonie et Stephan Archinard ont écrit et créé ensemble « Amitiés sincères » au Théâtre Édouard-VII à Paris. Six ans plus tard, ils se sont à nouveau associés pour réaliser une adaptation de leur pièce. A l’époque, c’est Michel Leeb qui interprétait le rôle de Walter. Cette fois, c’est Gérard Lanvin qui prête sa carrure, son franc-parler à cet homme entier, généreux mais pas toujours attentif aux besoins profonds de ceux qui l’entourent.

 

 

Gérard Lanvin (Walter) et Wladimir Yordanoff (Jacques)
 (SND Films )

 

 

La vie, tout simplement

La première réussite d'"Amitiés sincères", c'est sa simplicité. Le film va à l'essentiel et cet essentiel parle à chacun d’entre nous en nous offrant une galerie de personnages attachants. Hormis Walter dont la personnalité entière et autoritaire laisse peu de place au doute, les autres caractères et leur histoire se dessinent  au fur et à mesure avec leurs ambivalences, leurs petites lâchetés profondément humaines. On rêve tous d'avoir des amitiés aussi solides, aussi chaleureuses. On se réchauffe d'ailleurs à la simple vue de ces trois amis qui se retrouvent chaque premier mercredi du mois, à l'heure où retentit la sirène des pompiers pour un casse-croûte bien arrosé dans la librairie de Jacques. Mais petit à petit, les secrets de chacun se dévoilent. Rien n'est tout blanc, rien n'est tout noir et en amitié comme en amour, il est parfois dur de tout se dire. Les deux réalisateurs montrent bien comment une belle amitié peut aussi se bâtir sur des non-dits, comment on peut mentir à son meilleur ami pour ne pas le blesser et tout simplement ne pas le perdre.

 

 

Un beau film sur l'amitié
 (SND Films )

 

 

Des acteurs justes

L'autre réussite du film, c'est son casting. Gérard Lanvin se glisse parfaitement dans le rôle de Walter, "un homme qui parle fort et qui fait de grands gestes". Brut de décoffrage, voire un peu beauf dans ses attitudes ( il boit son café avec un bruit de bouche qui exaspère profondément son ami Jacques) mais capable de préparer avec amour un riz-au-lait à sa fille adorée. Vivre avec lui, c'est dur "mais sans, aussi", dixit son ex-femme, interpétrée par la toujours excellente Zabou Breitman. Sa conception de l'amitié et de la vie résonne sur tout ses proches. Il croit les libérer en prônant des rapports humains sans mensonge. Mais son manque d'écoute lui ferme souvent  la réalité des cœurs de ceux qu'il aime le plus. Le film montre aussi comment Walter manipule la vérité quand celle-ci ne sert pas ses intérêts et notamment sa relation fusionnelle avec sa fille. A côté de ce personnage homérique joué par Gérard Lanvin, Wladimir Yordanoff (Jacques) et Jean-Hugues Anglade (Paul) composent une très belle partition, nuancée et juste. Quant à Ana Girardot qui joue la fille de Walter, elle est lumineuse et craquante. La fille d'Isabelle Otero et Hippolyte Girardot confirme le talent révélé dans "Cloclo" et "Simon Werner a disparu".

 

 

Zabou Breitman, Jean-Hugues Anglade et Ana Girardot
 (SND Films )

 

 

Le cinéma de l'amitié

Au final, on passe un très bon moment avec ce trio d'amis.  Rire, sourire, larme : l'équilibre et le rythme sont bons, les dialogues sonnent justes. On pourrait émettre un bémol en disant que cette histoire d'amitié masculine n'est pas nouvelle au cinéma. On pense au film de Marc Esposito, « Le cœur des hommes » et bien sûr à « Vincent, François, Paul et les autres »  de Claude Sautet. François Prévôt-Leygonie et Stephan Archinard  ne cachent d’ailleurs pas l’admiration qu’ils portent à ce cinéaste et à ses « losers magnifiques » (pour l'anecdote, ils ont même glisser quelques clins d’œil : le libraire (joué par Wladimir Yordanoff) s’appelle Jacques Boffety. Un nom qui était celui du chef opérateur de Claude Sautet, Jean Boffety). Mais même si l'histoire semble être du déjà-vu, il ne faut pas bouder son plaisir, celui de voir de très bons acteurs nous raconter avec justesse toutes les nuances de nos vies et de nos émotions.

 

Des émotions rythmées par les paroles de Jean-Louis Aubert qui signe la chanson du film :

 

 

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