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"Arturo Ui", la puissance de Brecht admirablement incarné et mis en scène à la Comédie-Française

"La Résistible Ascension d’Arturo Ui" de Bertolt Brecht entre au répertoire de la Comédie-Française, dans une mise en scène d’une rigueur et d’une force remarquable, que l’on doit à Katharina Thalbach. Retrouvez l'interview de Laurent Stocker, qui incarne Arturo Ui, en fin de page.
Article rédigé par Sophie Jouve
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
"La Résistible Ascension d'Arturo Ui" à la Comédie-Française
 (Christophe Raynaud de Lage/Comédie-Française)

C’est de son exil en Finlande, pendant la seconde guerre mondiale, que Brecht écrit sa pièce. Une pièce dense sur l’ascension d’Hitler qu’il transforme en chef de gang à Chicago, à la tête d’un trafic de choux fleurs ! Chronique funeste d’une époque, guignol macabre, dont Katharina Thalbach tire les ficelles magistralement. Thalbach dont les parents ont été des pilliers du Berliner Ensemble, lieu phare du théâtre allemand, créé par Brecht.
 
Une scène en pente illustrée par des dollars symbolisant les quartiers de la ville. Au-dessus d’elle, une gigantesque toile d’araignée.

Une Mise en scène de Katharina Thalbach
 (Christophe Raynaud de Lage/Comédie-Française)

Laurent Stocker dans toutes les subtilités terrifiantes du personnage

Sous le maquillage très marqué, très expressionniste, on distingue peu à peu les visages. Laurent Stocker est Arturo Ui, dans toutes les subtilités terrifiantes : la cruauté, le burlesque, la bêtise, l’horreur et la folie.

Admirablement dirigé, il est tantôt une sorte de gros bébé en grenouillère assoupi au centre de la toile, tantôt la silhouette d’un tyran qui s’affirme, bientôt le commanditaire meurtrier de la Nuit des longs couteaux. 
Thierry Hancisse et Laurent Stocker qui incarne Arturo Ui
 (François Guillot/AFP)

Chorégraphie

Stocker est aussi saisissant que Chaplin dans le Dictateur, film sorti un an plus tôt que la pièce de Brecht. Autour de lui la troupe est impressionnante, jusque dans son rapport au corps que Katharina Thalbach utilise comme dans une chorégraphie, et les comédiens du Français y montrent leur souplesse athlétique, jouant avec cette toile d’araignée que les enserre tel un trampoline de cirque.

Brecht, autour d’Arturo Ui, a réuni un certain nombre de crapules dont les noms font allusion aux hauts dignitaires du régime… Bruno Raffaelli est un imposant et fragile Hindsborough (le président Hindenburg qui avait nommé Hitler chancelier),Thierry Hancisse est Roma (Ernst Röhm, chef des SA et principale victime de la Nuit des longs couteaux), Serge Bagdassarian incarne Gori (Hermann Göring, le numéro 2 du régime)...Tous sont à citer : Nicolas Lormeau, Eric Génovèse, Elliot Jenicot, Nazim Boudjenah, Florence Viala, Jérémy Lopez. Et Julien Frisson une des dernières recrues. 
  (Christophe Raynaud de Lage/Comédie-Française)

Quand le théâtre dit tout

De cette satire grinçante annoncée et refermée par un bonimenteur de foire incarné par Bakary Sangaré, on ressort estomaqué. Secoué et admiratif devant la force du théâtre de Brecht, un théâtre qui nous apparaît aussi intemporel que contemporain, surtout dans cette mise en scène admirable de Katharina Thalbach et servi par une troupe du Français au sommet. Quand le théâtre dit tout. 

Thierry Lormeau, Florence Viala et Serge Bagdassarian
 (François Guillot/AFP)


L'interview de Laurent Stocker (Arturo Ui)

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