"L’Amour dure trois ans" : parlez-moi de moi
Marc Marronnier, critique littéraire le jour et chroniqueur mondain la nuit, vient de divorcer d’Anne. Il est sûr à présent que l’amour ne dure que 3 ans. Il a même écrit un pamphlet pour le démontrer mais sa rencontre avec Alice va renverser toutes ses certitudes.
Beaucoup de Beigbeder pour un seul homme
Après Beigbeder publiciste dans '99 francs' : Beigbeder écrivain dans l’adaptation de son roman "L’Amour dure trois ans" signé par lui-même. Personnage incontournable depuis les années 90, le chroniqueur littéraire, nightclubber, écrivain, animateur télé, est désormais cinéaste. Touche à tout, il ne s’avère pas pire qu’un autre derrière la caméra aux commandes d’une comédie romantique où s’affiche le cinéma qu’il aime et une bonne part d’autodérision.
Car Beigbeder, dans ses romans et désormais les deux films inspirés de ses livres, est un personnage à part entière, puisque ses œuvres sont pétries d'une bonne part d’autobiographie. Cela fait tout de même beaucoup de Beigbeder pour un seul homme. Plus narcissique tu meurs. L’alibi de l’autodérision permet de faire passer la pilule. Vu le succès, le public doit s’y retrouver. Beigbeder, incarnation de la France des années 90-2000 ? Comme s’il personnifiait l’idéal des trentenaires-quadras, par sa réussite médiatique, ce après quoi court toute une génération. Mais cela ne se fait pas sans talent. Et Begbeder n’en n’est pas dépourvu.
Cuisine
"L’Amour dure trois ans" adapte l’ouvrage éponyme et le poursuit, puisque la deuxième partie du film est consacrée à la réception du roman au cœur du sujet et les frasques qu’elle provoque. Beigbeder est bien servi par son alter ego à l’écran, Gaspard Proust, et une Louise Bourgoin autant glamour qu’explosive. Cinéaste, il se doit aussi de trouver des idées de mise en scène, comme l’apparition de phylactères plaqués sur les images, pour traduire les pensées obsessionnelles du personnage, et ses regards insistants à la caméra pour s'adresser directement le spectateur. Le casting relève aussi d'une fine cuisine qui relève de choix que l'on sent intimes, notamment les seconds rôles, comme Bernard Ménez et Annie Duperey, Valérie Lemercier, Nicolas Bedos... Comme s'ils faisaient partie de la famille.
Truffé de dialogues qui font mouche, "L’Amour dure trois ans" est à l’image de celle que véhicule Beigbeder, trublion insupportable pétri de narcissisme exhibitionniste dont l’intelligence passe par une autofiction qui fait appel à une autodérision mélangée de romantisme et de naïveté plus ou moins feinte. L’ensemble génère une séduction certaine, mais relève tout autant de la recette. N’est-ce pas le fait de toute fiction ? Aussi, ne boudons pas le plaisir que l’on y prend, puisque la sauce prend et que le but de faire rire est atteint, même si le tour de main est par trop voyant.
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