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"Loveless" : la révolte des prostituées de Lyon adaptée au théâtre, 43 ans après

Le théâtre des Ateliers de Lyon présente jusqu'au 23 mars 2018 "Loveless", une pièce qui retrace la lutte des prostituées en 1975. C'est dans l'église Saint-Nizier qu'elles avaient trouvé refuge, accueillies par le curé de la paroisse. A l'époque, le journaliste de Libération, Claude Jaget, avait recueilli leurs témoignages et en avait fait un livre "Une vie de putain".
Article rédigé par Odile Morain
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 1min
"Loveless" au théâtre des Célestins retrace la révolte des prostituées de Lyon en 1975
 (France 3 / Culturebox )

43 ans après la révolte des prostituées de Lyon, les metteurs en scène Anne Buffet et Yann Dacosta présentent "Loveless" au théâtre des Ateliers. Un spectacle tissé à partir de témoignages de prostituées recueillis par Claude Jaget, journaliste à Libération en 1975, pendant leur occupation de l’Eglise de Saint-Nizier à Lyon.

A quelques jours de la première, les comédiens et comédiennes se sont rendus sur les lieux des faits. "On est très émus de jouer ici et on est très impressionnés aussi car on sait qu'il y a beaucoup de gens qui vont venir voir ce spectacle et qui ont vécu cet événement de près ou de loin", confie Yann Dacosta. 

Reportage : V. Benais / B. Metral / D. Moncel / Q. Maury

"Des putes qui pensent !"

L'adaptation d'Anne Buffet et de Yann Dacosta se construit autour de la vie de six femmes qui vivent d'actes sexuels consentis mais sans amour. Des prostituées, mais aussi des mères qui interrogent sur scène les préjugés et les fantasmes qu'elles suscitent. Face au harcèlements des forces de l'ordre, elles décident d'occuper l'église Saint-Nizier. La maison de Dieu devient le refuge de ces nouvelles Marie-Madeleine... Telle une confession libératoire, le texte de Claude Jaget livre ces tranches de vie et révèle ainsi des humanités tour à tour pathétiques ou joyeuses mais toutes portées par une pulsion de vie communicative. "Je me suis souvent demandée comment on pouvait passer à la prostitution et quels étaient les sentiments de ces hommes et femmes, et là on découvre leur jardin secret, ce sont des putes qui pensent", rapporte Anne Buffet. 
  (France 3 / Culturebox )

On ne sortira pas tant qu’on n’aura pas obtenu des résultats, la tête haute, en étant femme et mère ; pas en étant un sexe et un bas-ventre que les types attendent dehors pour leur sauter dessus. Ça, il n’en est pas question

Archives INA, Lyon juin 1975  

Une semaine d'occupation et une journée nationale 

C'est la première fois qu’une "grève" des travailleuses du sexe eut une répercussion dans les médias hors des frontières. L’occupation dure une semaine et bénéficie d'une large couverture médiatique. Elle se solde finalement par l’expulsion de ces femmes par les forces de l’ordre. "Mais cette révolte a provoqué une révolte générale et une prise de conscience", insiste le père Blanc qui soutenait le mouvement. 

  (France 3 / Culturebox )

Le 2 juin est désormais célébré dans le monde entier comme étant la Journée Internationale des Prostituées et la grève marque le début du mouvement contemporain des droits des travailleuses du sexe. Mais quarante ans plus tard, la stigmatisation et la répression perdurent. 

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