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"Mount Olympus" de Jan Fabre à la Villette : les coulisses du spectacle de 24 heures !

A l'affiche de la Grande halle à la Villette ce 15 septembre : Jan Fabre et son "Mount Olympus". Un spectacle qui dépasse largement le cadre habituel du théâtre et de la danse, ici acteurs et spectateurs s'embarquent pour une aventure de 24 heures où se mêlent mythologie grecque, sexe, sang et mort. En coulisses, une logistique impressionnante...
Article rédigé par franceinfo
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  (Dam De Mol)

Avant cette représentation unique à Paris de « Mount Olympus », nous avons assisté au filage sur cette grande scène de la grande Halle de la Villette. Sous les instructions de Jan Fabre, les 28 interprètes-performeurs rentrent et sortent des coulisses, marquent leurs positions, s'approprient la scène. La Villette a dû s’adapter, faire face à des situations inédites : assurer le bon déroulement et l'intendance d'une équipe de 45 personnes, répondre aux demandes souvent extravagantes et incongrues.

24 heures de spectacle non-stop

Programmé pour la première fois à Paris, « Mount Olympus » de Jan Fabre, convoque à sa manière les tragédies grecques en s’inspirant des textes d’Eschyle, Sophocle et Euripide. Six parties, quatorze chapitres, quatre générations d’artistes performeurs qui donnent tout, pour un résultat galvanisant qui bouscule les conventions scéniques. Un an de préparation a été nécessaire pour accoucher de cette folie théâtrale, qui se joue depuis 2015 à travers toute l’Europe.
  (Sam De Mol)
« Quand Jan m’a proposé de jouer dans Mount Olympus, je me suis demandée comment c’était possible. J’ai accepté sans réfléchir et heureusement, sinon je ne serai pas là » s’amuse Anny Czupper, la doyenne de cette aventure hors norme. Celle qui joue Hécude, la mère qui voit ses enfants mourir un à un, se souvient de la première représentation à Berlin : « Jan nous a dit : ‘Quoi qu’il arrive, vous continuez jusqu’à la fin’. Les spectateurs nous ont applaudi pendant 45 minutes ». 

L'envers du décor

Depuis quatre mois, les petites mains de la Villette s’activent pour que ce spectacle puisse se faire. C’est toute une organisation qui s’est mise en place. Premier obstacle : les loges. Bien trop petites pour cette grande troupe. Toute une partie des Halles a été mise à disposition. Un gigantesque backstage où l'on croise artistes, costumes, confettis, fleurs, casques, grappes de raisins...
  (Yaël Benamou)
Plus étonnant, cinq boxs de douches sont installés en enfilade. Essentiels nous dit-on, car les performeurs s’enduisent d’huile puis doivent (très vite) s’en débarrasser pour la scène suivante où cette fois du sang recouvrira les corps. Dans un coin, deux grands réfrigérateurs vides, en attente d'une livraison bien particulière : 150 kilos d’abats de porcs. Jan Fabre a exigé une liste bien précise : cœur, fois, et poumons de l’animal.
  (Yaël Benamou)
En termes de logistique, l’équipe de la Villette a organisé le roulement des agents de sécurité, le planning des 8 repas à servir aux 28 acteurs, et pensé surtout aux machines à laver pour laver les draps qui servent de costumes.

Si les artistes ne dorment pas ( ou très, très peu), de peur de ne pas se réveiller à temps, les spectateurs ont droit à un espace tamisé avec 300 lits de camps et chaises longues, ainsi qu'un kit de survie (brosse à dents et masque de sommeil).
Anny Czupper et Lies Vandewege, deux interprètesperformeurs
 (Yaël Benamou)

Une troupe soudée autour de Jan Fabre

Pour embarquer son équipe dans cette folle performance, on imagine que Jan Fabre, homme de théâtre et plasticien, a dû faire preuve de persuasion. Pourtant sa troupe assure que c'est tout naturellement qu'elle a accepté le challenge. Lies Vandewege, chanteuse d'opéra, participe à ce spectacle depuis le début, avec une confiance totale en Jan Fabre. Au point d'accepter ce qui était jusqu'ici impensable pour elle : « Me mettre nue sur scène. Je viens du monde du classique. Je ne connaissais pas cette liberté, ça m’a ouvert l’esprit », confie-t-elle.

Anny Czupper et Lies Vandewege, deux interprètes performeurs
 (Yaël Benamou)

L'adrénaline commence à monter en coulisses. "Mount Olympus", spectacle monstre, va aspirer toute l'énergie de la troupe de vendredi 15 septembre 19h au lendemain 19h. Les performeurs mettront deux à trois jours pour retrouver tous leur esprit, et certains évoquent même une sensation proche du baby blues. "On ne sort jamais indemne d'un tel don de soi", confirme Anny Czupper.

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