"Saya Zamuraï" : le samouraï sans sabre
Synopsis : Kanjuro Nomi est un samouraï sans sabre, répudié par tous et errant misérablement sur les routes avec sa fille depuis qu’il a refusé de combattre. Tombé entre les mains d’un seigneur aux désirs excentriques, il est condamné à mort, à moins de relever un ultime défi : faire naître un sourire sur le visage triste du jeune prince. Chaque matin, pendant 30 jours, il met donc en scène un nouveau spectacle.
Le prince triste
Réalisateur japonais atypique honoré récemment à la Cinémathèque, Hitoshi Matsumoto signe avec « Saya Samouraï » un film jouissif à plus d’un titre. Reprenant le schéma classique du samouraï sur le retour, parodiant ainsi « Hara-Kiri », il offre une version nippone du mythe du jeune prince ayant perdu le rire.
En film, cela renvoie également à « Rashomon », le classique d’Akira Kurosawa, puisque que les deux films jouent de la répétition d’une même histoire à chaque fois différente. A la différence que dans « Saya Samouraï » la répétition vient du rythme du film qui enquille, journée après journée, les nouvelles inventions du moribond pour faire rire le prince, et non de nouvelles version enchaînées d’une même intrigue.
Surréalisme
Hitoshi Matsumoto joue merveilleusement de ce rythme, l’effet de répétition participant pour beaucoup dans l’art du rire. Takaaki Nomi, qui interprète ce samouraï sans sabre, ahuri par ce qui lui arrive, est d’une sobriété à la Buster Keaton, le film s’avérant en droite ligne du burlesque tout en retenue de la star des années 20.
Drôle et philosophique, « Saya Samouraï » révèle en France Hitoshi Matsumoto, humoriste à la télévision japonaise (comme Kitano), chanteur et réalisateur. D’inspiration ouvertement surréaliste par son sens de l’absurde, « Saya Samouraï » prouve également d’une poésie qui met en équation l’enfance avec le monde des adultes. La résultante est pleine d’espoir sans tomber dans une naïveté mièvre. Une leçon de vie, familiale et ironique : paradoxal.
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