Robert Hirsch sur scène, "Avant de s'envoler", le plus tard possible
Le temps qui passe, Hirsch le conjure par son art, c'est sur scène qu'il se sent pleinement vivant. Un an après son rôle poignant dans "Le père", déjà de Florian Zeller, qui lui a valu un sixième Molière, il incarne André, un vieil homme angoissé à l'idée de voir partir sa femme avant lui.
Au début de la pièce, on le découvre de dos, regardant par la fenêtre, sourd aux sollicitations de sa fille Anne (Anne Loiret) qui l'incite à s'organiser différemment vue "la situation". Des fleurs sont livrées, on suppose alors que sa femme, Madeleine, est décédée… Avant de la voir revenir du marché avec son autre fille (Léné Bréban) ! André entend que l'on parle de lui au passé. Il entame une conversation avec Madeleine qui disparaît à nouveau.
Zeller poursuit son exploration de la vieillesse. Après Alzheimer, ce sont toutes ces inquiétudes qui assaillent les seniors fragilisés, déstabilisés à l'idée de voir partir l'être aimé, méfiants lorsque l'on évoque la maison de retraite comme la moins mauvaise des solutions.
Reportage : M. Berrurier / W. Kamli / V. Christophe
Une dose de fantastique et de malaise
L'originalité de Zeller est de présenter comme des flashs, parfois étranges, les flux de pensées du vieillard pétri d'angoisses. Il le fait aussi en distillant une dose de fantastique et de malaise, notamment à travers le petit ami de la cadette (François Feroleto), un agent immobilier perçu de manière obsessionnel comme un prédateur.A la fin Zeller brouille tellement les pistes, qu'il nous embrouille parfois : qui est vivant ? Qui est mort ? André perd-il la tête ? On finit un peu par s'y perdre…
Dans la distribution, on retiendra la forte présence d'Isabelle Sadoyan, lumineuse Madeleine, Claire Nadeau parfaite en étrange amie d'enfance qui resurgit avec on ne sait quel mobile. Hirsch nous touche infiniment, non pas tant par l'intensité de son jeu que par l'idée que c'est sans doute la dernière fois qu'il monte sur scène. Et le passage continuel du personnage à l'acteur ne cesse de nous troubler.
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