"Ruy Blas" au Théâtre Marigny : Jacques Weber peine à convaincre, Kad Merad est en forme et Basile Larie impressionne
Comme une voix carburant au diesel, exigeant de s’échauffer avant de s’élancer. Jacques Weber est (presque) inaudible au début de la pièce. Il faut tendre l’oreille et deviner péniblement les mots. Don Salluste, cet intrigant machiavélique imaginé par Victor Hugo en 1838, a une diction hasardeuse, étouffée. Plus tard, le verbe portera loin. Et clair. Jacques Weber est alors de retour. Heureusement. Car la pièce, qu’il a mise en scène, repose en grande partie sur sa prestation.
L’acteur incarne ce marquis madrilène qui cherche à se venger de la reine, interprétée par Stéphane Caillard. Nous sommes au XVIIe siècle, bien que rien ne le laisse entendre dans la mise en scène. Jacques Weber a opté pour une temporalité diffuse, indéfinie. Pour mener à bien son plan, il sollicite son cousin, Don César, un peu hédoniste, un peu bohème et surtout homme de principes, porté par un Kad Merad en forme. Don César qui aime la vie, les femmes, n’a que faire de la proposition.
Sauver la reine d’Espagne
Devant le refus de Don César, Don Salluste se rabat sur son laquais Ruy Blas à qui il demande de séduire la reine. Dans le rôle-titre, Basile Larie impressionne pour son premier grand rôle au théâtre. Tout en tension contenue, le jeune comédien parvient à donner à son personnage une fraîcheur bienvenue. Le drame romantique monte crescendo. Plus Ruy Blas s’enamoure de la reine, plus il se bat contre la corruption, plus il se prend pour le roi et plus il oublie sa mission. Ruy Blas n’est plus le laquais au service d’un intrigant, il est Premier ministre. Il se vit ainsi… Jusqu’au moment où la réalité le rattrape. Lui, l’enfant du peuple, n’est que le jouet de l’aristocratie. Va-t-il accepter son sort ou se révolter contre ce destin que d’autres ont écrit pour lui ?
La mise en scène de Jacques Weber est originale, contemporaine mais peu convaincante. Elle manque singulièrement de fluidité. La distribution parvient néanmoins à séduire. Mention spéciale à Jean-Paul Muel, époustouflant dans le rôle de Don Guitan. Ruy Blas, une pièce intemporelle sur le pouvoir et ses arcanes, sur l’orgueil et l’amour. Tant qu’il y aura des hommes…
"Ruy Blas" de Victor Hugo au Théâtre Marigny, à Paris, jusqu'au 29 décembre 2023
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