Cet article date de plus de neuf ans.

Serge Merlin dans "Le Réformateur" : ça, c'est la magie du théâtre !

Serge Merlin remonte sur scène, au théâtre de l'Oeuvre dans l'un de ses morceaux de bravoure, "Le Réformateur" de Thomas Bernhard, qui lui a valu le Prix du Meilleur Acteur décerné par le syndicat de la Critique en 1991 ! Un grand moment de théâtre qu'il reprend régulièrement pour de nouvelles générations.
Article rédigé par Sophie Jouve
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  Serge Merlin dans "Le Réformateur" de Thomas Bernhard
 (DR)

Voir Serge Merlin sur scène, est l'un de ces merveilleux moments de théâtre qui restera gravé dans notre panthéon personnel. Lui qui aime à dire : "La scène est le seul endroit où je peux vivre un peu", est une voix autant qu'une présence. Visage émacié, yeux fiévreux, mains virevoltantes, à 82 ans le comédien est habité par ce rôle. 

Il incarne un philosophe hypocondriaque qui doit être fait docteur Honoris Causa pour son "traité sur la nécessaire destruction du monde". Trop malade pour se déplacer, il attend chez lui la remise du diplôme, tout en ne cessant de tyranniser sa compagne. 

Serge Merlin et Ruth Orthmann, mis en scène par André Engel
 (DR)
L'amour-haine, le génie et la folie, la détestation de la famille, le comédien a fait siennes les thèmes et les obsessions de Thomas Bernhard, dont il apprécie plus que tout l'humour très noir.

Et il faut le voir jouer avec délectation l'imprécateur, le menteur, le tyran domestique avide de piques assassines, passant de façon imperceptible de la plus grande fourberie à des élans d'une infinie douceur.

Amélie Poulain

Paradoxe, lui qui a joué avec les plus grands metteurs en scène comme Patrice Chéreau, Matthias Langhoff ou André Engel, qui le met ici en scène, s'est fait connaître du grand public au cinéma dans "Le fabuleux destin d'Amélie Poulain", où il incarnait le rôle du peintre atteint de la maladie des os de verre.

Bernhard et Beckett

Dans sa façon d'interpréter "Le Réformateur" avec toute la panoplie de la tragi-comédie il évoque résolument l'univers de Beckett, une autre de ses grandes admirations.

On rit avec lui de l'absurdité de notre condition humaine, tout en songeant à l'étrange rencontre qu'il nous fait partager au soir de sa carrière, entre deux des plus grands auteurs du XXe siècle, Beckett et Bernhard, qui n'auraient peut être pas imaginé être réunis sous la même bonne étoile.

"Le Réformateur" au théâtre de l'Oeuvre
Du 8 septembre au 11 octobre 2015
De Thomas Bernhard
Avec Serge Merlin, Ruth Orthmann, Gilles Kneuzé
Mise en scène d'André Engel

55 rue de Clichy, Paris IXe
Réservation : 01 44 53 88 88

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.