"The Gag Fathers", une comédie visuelle, ubuesque et déjantée, poussée à l'excès par la compagnie espagnole Yllana
C'est la dernière création de la compagnie espagnole Yllana, spécialisée dans le théâtre d'humour gestuel. "The Gag Fathers", à la démesure assumée, est à l'affiche du Théâtre de la Michodière à Paris jusqu'au 17 juillet.
La comédie plante son décor au Gag Palace, un établissement de luxe ouvert aux jetsetteurs les plus dépensiers et les plus superficiels. Au casino, un frimeur, les poches bien remplies de "money money", va vite devenir la nouvelle cible d'un tourbillon de manigances absurdes : serveurs et croupiers sont prêts à tout pour plumer leur nouveau pigeon. S'ensuit une cascade de situations gaguesques qui rendent le public hilare.
Du gag non stop
Au Théâtre de la Michodière, The Gag Fathers, où le gag donc est roi, est composé de plusieurs saynètes sans dialogue tournant au ridicule des personnages loufoques et cupides, pris dans des situations tout aussi farfelues qu'inattendues. Sur scène, quatre comédiens espagnols - Fidel Fernandez, Luis Cao, Juan Fran Dorado, Johny Elias - jouent sur un comique de situation avec des blagues simples à la manière de Charlie Chaplin ou des Marx Brothers.
Et là est tout le sel du spectacle, dans une accumulation qui donne le tournis : charabia franglo-espagnol, onomatopées exubérantes, mimiques amusantes, imitation de chiens, bagarre au ralenti, gestes excentriques et chorégraphiques... Et tout est à pouffer de rire.
Le rire semble frapper partout et tout azimut. Mais une cible, les nouveaux riches, est privilégiée. Nos quatre zigues incarnent, avec souplesse et sans finesse, des personnages machos, extravagants et burlesques que l'on suit passer du casino au club du Palace, et de la "swimming pool" à une chambre d'hôtel du dernier design. L'ambiance est clownesque, presque enfantine, portée par les sons et autres buitages sortis de la vie quotidienne.
Trop vite
Avec ces "pères du gag", on n'a pas le temps de s'ennuyer. Le quatuor, en symbiose, a une énergie débordante : actions et drôleries s'enchaînent à vive allure. Tout va vite, et parfois trop, on ne sait pas toujours où donner de la tête ou qui regarder sur scène.
Il est même difficile de suivre certains passages tant l'univers de ce show visuel est délirant, et dans chaque sketch - indépendant d'un récit linéaire - l'histoire part de plus en plus loin. Mais le groupe d'artistes retombe toujours sur ses pattes. Très spontanés sur scène, ils jouent allègrement avec les réactions des spectacteurs. C'en est même parfois à se demander avec amusement où s'arrête le jeu et où commence l'improvisation. The Gag Fathers, c'est une heure et demie de bazar où on ne comprend pas tout. Et c'est bien ainsi.
"The Gag Fathers" - Théâtre de la Michodière à Paris - Jusqu'au 17 juillet
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