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Théâtre : une "Semaine d’art en Avignon", malgré le couvre-feu anti-Covid

Le mini-festival d'Avignon s'est ouvert vendredi 23 octobre. L'événement théâtral ne remplacera pas l'énorme fête du mois de juillet, mais s'inscrit comme un acte de résistance.

Article rédigé par franceinfo, Thierry Fiorile
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le Palais des papes accueille traditionnellement chaque été le festival de théâtre d'Avignon (Vaucluse). (STÉPHANE MILHOMME / RADIOFRANCE)

Les clarines qui résonnent habituellement dans la cour d'honneur du Palais des papes ont surpris cette spectatrice venue de Lille : "C’est un peu étrange d’entendre les trompettes en plein automne et puis à la fois plutôt heureux quand même que les salles soient pleines, qu’on puisse applaudir, entendre un texte et voir les comédiens".

Baptisé "Semaine d'art en Avignon" en hommage au père fondateur Jean Vilar, le mini-festival d’Avignon, qui a ouvert ses portes vendredi 23 octobre, c’est une semaine et sept spectacles seulement, dans une ville déserte qui ne ressemble pas à ce qu'elle est l'été, avec ses milliers de productions et sa foule joyeuse. Malgré les contraintes, masques, jauge réduite et depuis quelques jours, horaires modifiés pour respecter le couvre-feu, c'est Le jeu des ombres de Jean Bellorini qui a lancé l’évènement.

Ce spectacle écrit par Valère Novarina d'après le mythe d'Orphée et la musique baroque de Monteverdi, aurait dû se jouer dans la cour d'honneur du Palais des papes. Le metteur en scène Jean Bellorini a voulu dépasser la déception, avec sa troupe : "J’ai voulu le répéter quand même cet été comme si ça avait lieu à Avignon mi-juillet en sachant bien sûr que ça n’aurait pas lieu. Mais je ne voulais pas ne rien faire. Je pense que c’est important d’agir. On est dans une forme de science-fiction en fait, même en ce moment quand on dit qu’on va jouer peut-être à 14 heures finalement plutôt que 20 heures parce qu’il y a un couvre-feu qui va peut-être passer de 21 heures à 19 heures… Enfin, on ne sait plus rien !" 

Au fond, la seule façon de s’en sortir c’est de faire et de croire que peut-être, ça va permettre de renouveler une écoute, peut-être d’écouter différemment le spectacle, peut-être d’imaginer d’aller au théâtre avant d’aller travailler, peut-être même d’avoir des spectateurs nouveaux. Qui sait ? Et pourquoi ne pas tenter au moins de se réjouir tant qu’on peut le faire.

Jean Bellorini, metteur en scène  

à franceinfo

La vie, la mort, l'amour, Dieu, tout dans ce spectacle nous renvoie à l'absurdité de l'époque et le théâtre en sort vainqueur, grâce à la langue tellement libre de l'auteur. "Ça touche parce que ça parle de cet enfermement et cette incapacité à exprimer totalement clairement les choses. Et donc l’obligation joyeuse d’invention", explique Jean Bellorini. Le dernier mot revient à cette spectatrice lilloise croisée au début : "C’est un texte assez universel sur la mort, sur la vie, sur l’amour. Sur le rêve de l’homme d’être éternel."

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