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Un Festival d'Avignon 2018 sous le signe des identités LGBT
Les identités LGBT (Lesbien, Gay, Bisexuel, Transgenre) sont au cœur de l’édition 2018 du Festival d’Avignon, qui se déroule du 6 au 24 juillet, alors que le débat sur le genre occupe la société française et les médias depuis plusieurs mois, et que le sujet a d’ores et déjà fait polémique auprès des autorités religieuses et dans l’attente d’éventuelles réactions d’associations.
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Qu'est-ce que le féminin ? le masculin ? Le choix d'Avignon de se saisir de ce thème a déjà fait grincer les dents des autorités religieuses dans la Cité des papes. A ce titre, l'archevêque de la ville Mgr Jean-Pierre Cattenoz, a réclamé que le festival ne soit "plus centré sur l'homosexualité et le transgenre".
L’air du temps
"J'ai espoir que ça n'arrivera pas, mais je me prépare à être attaqué par la fachosphère et par des groupuscules religieux un peu extrêmes", affirme à l'AFP l'artiste David Bobée qui présentera le "feuilleton" d'Avignon, axé sur la discrimination du genre. Le feuilleton, présenté gratuitement sur 13 jours, donnera libre parole aux LGBT et incluera un épisode de "drag king", une sorte de témoignage déconstruisant la masculinité."Les artistes sont là pour traduire l'air du temps, c'est un moment de réflexion collective", assure David Bobée.
Une pièce de Didier Ruiz, "Trans (Més Enllà)" (8/9/10/11/13/14/15/16 Juillet, 22h00, Gymnase du Lycée Mistral) traitera de la transidentité, tandis que l'Iranien Gurshad Shaheman donnera la voix aux exilés à cause de leur orientation sexuelle dans Il pourra toujours dire que c'est pour l'amour du prophète" (du 11 au 16 juillet). "Romances inciertos, un autre Orlando" de François Chaignaud et Nino Laisné (7/8/9/11/12/13/14 Juillet, 22h00, Cloître des Célestins), est un spectacle-concert autour de personnages androgynes, tandis que le metteur en scène suisse très en vue Milo Rau s'empare d'un fait divers, l'assassinat d'un homosexuel à Liège en 2012. Phia Ménard, artiste née en 1971 dans un corps d'homme, présentera "Saison sèche" où sept femmes seront amenées à "détruire" une maison symbolisant le patriarcat.
Thomas Jolly, Oskaras Korsunovas, Ivo Van Hove, Chloé Dabert
C'est au Français Thomas Jolly, 36 ans et considéré comme l'un des metteurs en scène les plus doués de sa génération, que reviendra le privilège de donner sa version de "Thyeste" (6/7/8/912/13/14/15 juillet à 21h30 Cour d'Honneur) de Sénèque dans la Cour d'honneur. Lieu de naissance du festival créé par Jean Vilar en 1947 et son espace le plus emblématique, la Cour a accueilli dans le passé les plus grands comme Ariane Mnouchkine ou Pina Bausch.Du côté des pointures internationales, cette édition marquera le retour d'Oskaras Korsunovas, figure du théâtre lituanien, et qui présentera un classique français, le "Tartuffe" de Molière, dans la langue de son pays.
Le Belge Ivo Van Hove, sollicité par les théâtres du monde entier, évoque dans "Les choses qui passent" (14/15/17/18/19/20/21 Juillet, 22h00 Cour du Lycée Saint-Joseph) le thème d'un drame familial, deux ans après avoir fait sensation avec "Les Damnés" sur une famille à l'heure du triomphe des nazis en Allemagne.
La Française Chloé Dabert revisitera "Iphigénie" de Racine (8/9/11/12/13/14/15 Juillet, 22h00, Cloître des Carmes), tandis qu'un autre jeune metteur en scène français Julien Gosselin présentera "Mao II, Joueurs, Les noms", qui se base sur trois romans de l'écrivain américain Don DeLillo sur la question du terrorisme. Habitué des formats au long cours, il donnera sa pièce sur... huit heures.
La chaise vide de Kirill Serebrennikov
Comme à Cannes, une chaise vide sera l'hommage d'Avignon au cinéaste et metteur en scène russe Kirill Serebrennikov, assigné à résidence à Moscou depuis août 2017.David Bobée, qui a collaboré avec Serebrennikov, va lui consacrer un des épisodes de son feuilleton. "Cette chaise vide sera dédiée à tous les gens emprisonnés, torturés, à toutes les chaises vides de cette planète", affirme-t-il à l'AFP.
Les créateurs arabes à l’honneur
Des artistes arabes feront entendre leur voix pour dénoncer patriarcat et discrimination. "Mama" (18/19/21/22/23 Juillet, 18h00, Gymnase du Lycée Aubanel) est une pièce de l'Egyptien Ahmed el Attar sur la manière dont les femmes dans son pays reproduisent le système patriarcal à travers l'éducation de leurs fils.Le Libanais Ali Chahrour présentera "May He Rise And Smell The Fragrance" (14/15/16/17, 15h00, Théâtre Benoît XII), une chorégraphie sur le comportement des hommes dans le rituel funéraire chiite.
En musique, le groupe BNT el Masarwa qui devait interpréter des chansons qui donnent la parole aux Egyptiennes a annulé sa venue "pour des raisons personnelles" d'une artiste et sera remplacée par une création d'une chanteuse algérienne, Souad Asla. Abdullah Miniawy mélangera dans "Cri du Caire" le style soufi au rap.
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