"Un fonds d'urgence sera mis en place avec l'Etat pour les plus pénalisés" : Pierre Beffeyte, président du Off d'Avignon, sur l'annulation du festival
Réuni mercredi, le conseil d'administration de l'association AF&C qui encadre le festival OFF d'Avignon, a acté aujourd'hui son annulation.
Le festival "Off" d'Avignon, considéré comme la plus grande manifestation de théâtre au monde, a rejoint jeudi 16 avril la longue liste de festivals d'été annulés en raison de la crise du Coronavirus. Lundi, le Festival d'Avignon, dit le "in", avait annulé son édition 2020 qui devait se dérouler en juillet dans la Cité des Papes.
C'est le conseil d'admnistration de l'association AF&C qui a acté son annulation jeudi. "Il n'y a pas eu vraiment de sujet de débat", nous a dit au téléphone Pierre Beffeyte, président de l'association, "à partir du moment où le Président de la République ne veut pas que ça se fasse, on ne peut faire grand chose".
"Mise en place avec l'Etat d'un fond d'urgence"
Dans un communiqué, l'association annonce travailler "dès à présents avec les ervices de l'Etat et les collectivités territoriales à la mise en place d'un fond d'urgence". Selon Pierre Beffeyte, impossible pour l'instant d'estimer son montant ou ses modalités de distributions, qui dépendent de plusieurs paramètres et décisions à venir.
"Juridiquement parlant, nous attendons de savoir si cette annulation sera considérée comme un cas de force majeure, puisque ça change tout en termes de contrat", a-t-il expliqué : "si c'est le cas, ce sont les théâtres qui seront pénalisés puisqu'ils devront rembourser les acomptes déjà versés par les compagnies. Au contraire, si on considère qu'on n'est pas dans un cas de force majeure, ce sont les compagnies qui payeront, ça sera une situation juridique ingérable". Le fond d'urgence sera donc "mis en place pour les uns ou pour les autres en fonction de qui sera le plus pénalisé".
"Bien plus grave qu'en 2003"
C'est la première fois depuis 2003 et la contestation des intermittents que le festival est annulé. Sauf que cette fois, "c'est bien pire", s'exclame le président de l'association, "puisqu'à l'époque certaines compagnies avaient pu jouer quand même, et certains théâtres étaient restés ouverts". Le "Off" est également le plus grand marché du spectacle vivant en France et représente près de 20% des achats de spectacles dans l'Hexagone. Son annulation va entraîner entre "15 et 20 millions d'euros de pertes", a indiqué Pierre Beffeyte.
"Il y aura des conséquences économiques sur le territoire, qui sera privé des retombées annuelles amenées par le festival", a-t-il ajouté, "ensuite, il y a un impact extrêmement important pour les artistes, puisque c'est du travail en moins, des cachets et des salaires qui ne tomberont pas. Et bien sûr les théâtres, qui vont perdre une grande partie de leur activité sur l'année".
Et les conséquences ne se cantonnent pas seulement à Avignon. Le "Off" "impacte la programmation de tous les autres territoires, puisque c'est là qu'elles se font pour toute l'année avec la rencontre des compagnies et des programmateurs. C'est toute la saison 2021-2022 qui est impactée, et par conséquent les artistes seront pénalisés pendant deux ans".
"Une occasion pour repenser le Off"
Pour Pierre Beffeyte, cette annulation est néanmoins une opportunité pour repenser le cadre du "off". "C'est une bonne occasion de réfléchir au modèle économique particulièrement étrange de ce festival", explique-t-il, "à cette sorte de croissance infinie qui finalement dessert les artistes, le rapport entre les compagnies et les théâtres, etc. Je ne sais pas si on y arrivera, mais c'est l'occasion en tout cas".
Le "Off", souvent qualifié de "jungle" avec plus de 1.500 spectacles, un millier de compagnies, 200 salles de théâtre et jusqu'à 6.000 intermittents, se tient chaque année parallèllement au "in".
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